Règle numéro 1 : toujours se méfier des apparences. Avec son deuxième roman, Fais-le pour maman, François-Xavier Dillard nous plonge dans les méandres d'un esprit fou. Un thriller à glacer le sang.


Fais-le pour maman ~ François-Xavier Dillard

Quatrième de couverture :
Au début des années 70, Sébastien, 7 ans, vit seul avec sa soeur adolescente, Valérie, et leur mère. Cette dernière arrive tant bien que mal à joindre les deux bouts, occupant un job ingrat qui lui prend tout son temps et toute son énergie. Une dispute de trop avec sa fille, et c'est le drame familial. Valérie survivra à ses blessures mais la police ne croit pas à la version de la mère : elle accuse son petit garçon d'avoir blessé sa soeur. Elle sera condamnée à cinq ans de prison.
Des années plus tard, alors que sa soeur vit dans un institut spécialisé et que sa mère n'est jamais reparue, Sébastien est devenu un père et un médecin exemplaires... Mais de mystérieux décès d'enfants parmi ses patients annoncent le retour funeste des voix du passé...

Mon avis :
En commençant ce roman, on imagine rapidement l'intrigue : un petit garçon frappé par l'injustice, luttant toute sa vie pour se reconstruire puis rattrapé de nouveau par la violence. C'est en tout cas ce que l'auteur nous incite à croire tout au long de la lecture. Et pourtant...

Fais-le pour maman est un savant mélange entre des scènes à la violence extrême à vous hérisser les poils et les émotions de plusieurs personnages offrant un aller simple au coeur de la folie. Le tout imbriqué dans un jeu de pistes que l'auteur a construit pour le seul plaisir de balader son lecteur. C'est intelligent et surprenant, on se prend le final en pleine tronche et on s'amuse de s'être fait ainsi berner. Un thriller pour ceux qui aiment les sensations fortes et les faux-semblants.

Fais-le pour maman de François-Xavier Dillard, Pocket, 2016, 311 pages

Des fillettes de 6 ans habillées en habits de poupée pour leur dernier voyage : un fait divers qui émeut la Norvège et met la police au bord des nerfs. Je voyage seule est un polar froid et implacable, mais malheureusement assez prévisible.


Je voyage seule ~ Samuel Bjørk

Quatrième de couverture :
Seule, pour son dernier voyage... C'est ce qu'indique la pochette autour du cou de la fillette, assassinée et accrochée à un arbre avec une corde à sauter. Un crime odieux qui laisse toute la Norvège sous le choc et décide le commissaire Holger Munch à rappeler son ancienne collègue, Mia Kruger.
Car il le sait : si une personne peut l'aider à résoudre cette enquête, c'est bien elle. Ce qu'il ne sait pas en revanche, c'est que, sur l'île d'Hitra où elle s'est recluse, la jeune femme compte les jours avant son suicide. Mais il est des crimes qui ne laissent pas indifférent. Et il suffira à Mia d'observer les photos de la fillette pour comprendre ce qui avait échappé à tous : il y aura d'autres victimes, beaucoup d'autres...

Mon avis :
Mettons d'office les pieds dans le plat : j'ai eu du mal avec ce roman. Du mal d'abord, parce qu'imaginer des fillettes de 6 ans pendues à un arbre avec une corde à sauter fait hurler de douleur ma sensibilité de maman. Du mal ensuite, parce que j'ai été peu convaincue par le personnage de Mia Kruger. Une femme au bord du gouffre, au langage évidemment grossier et accro au régime alcool-médicaments, mais qui grâce à une mystérieuse acuité mentale, parvient à comprendre en un claquement de doigts ce sur quoi la brigade entière sèche, c'est un peu fort de café. Du mal enfin, parce que j'ai vu venir tout le déroulement de l'intrigue et que ce roman ne m'a pas surprise.

A côté, on trouve quelques ingrédients d'un polar efficace : une intrigue rythmée, qui partait du bon pied, une volonté claire de l'auteur de brouiller les pistes, un criminel complètement grillé du cervelet et Holger Munch, un commissaire aussi attachant que sa collègue est agaçante. Malheureusement, cela ne m'a pas suffit et j'ai donc peiné à trouver du plaisir dans cette lecture. C'est bien la preuve que tous les polars scandinaves ne se valent pas.

Je voyage seule de Samuel Bjørk, Pocket, 2016, 567 pages

Il commet l'insoutenable et s'en tire toujours indemne : avec Prendre Lily de Marie Neuser, bienvenue dans l'antre du diable.


Prendre Lily ~ Marie Neuser

Quatrième de couverture :
Une mère de famille retrouvée assassinée dans sa baignoire, les doigts comme un écrin renfermant deux mèches de cheveux. Le corps d'une étudiante coréenne abandonné la nuit dans un quartier désert. Et des jeunes femmes qui témoignent : leurs cheveux coupés net, tandis qu'elles vivent, marchent, respirent dans une petite ville balnéaire d'Angleterre qui ne connaît pas les débordements.
Non loin de la salle de bains de Lily Hewitt vit Damiano Solivo. On le donnerait le bon Dieu sans confession si ce n'étaient ces déviances auxquelles il s'adonne en secret. Mais son épouse peut le jurer : Damiano est innocent. Damiano est même victime. Victime, oui : de la complexité d'une machinerie sociale et judiciare qui sait comment on façonne les monstres.

Mon avis :
En ouvrant Prendre Lily, préparez-vous à faire connaissance avec le diable. Un diable mou et onctueux, mythomane, qui crie à l'acharnement judiciaire alors que toutes les preuves l'accablent. Un diable aussi glissant qu'une savonnette, qui passe entre les mailles de tous les filets qui lui sont tendus. Un diable qui donne la nausée.

La nausée, c'est ce qu'éprouve également le narrateur, un des policiers chargés de l'enquête sur la mort de Lily Hewitt. Cette investigation va le miner, l'obséder jusqu'à devenir le centre de sa vie. Durant des années, il s'acharne à démontrer la culpabilité de Damiano Solivo, il s'insurge contre l'injustice de voir un tel monstre ressortir en homme libre après chaque garde à vue.

La force du roman réside justement dans l'acharnement du narrateur, sans qui le récit serait plus ennuyeux. Je l'ai en effet trouvé un peu long et sans grande surprise, surtout à la fin. Mais en y réfléchissant bien, il s'agit peut-être d'une manoeuvre de l'auteur pour faire ressentir à son lecteur tout l'accablement qui pèse sur le narrateur. Et si c'est le cas, c'est bien joué.

Le préquel de Prendre Lily, Prendre Gloria, a paru en janvier 2016 chez Fleuve Noir. J'attendrai sa sortie poche mais je suis curieuse de retrouver ce Damiano Solivo dans sa jeunesse.

Prendre Lily de Marie Neuser, Pocket, 2016, 561 pages

L'île de Jersey occupée par les nazis : c'est un sombre épisode de la Seconde Guerre mondiale, tombé dans les oubliettes de l'histoire. Avec Churchill m'a menti, Caroline Grimm réveille les mémoires.


Churchill m'a menti ~ Caroline Grimm

Quatrième de couverture :
C'est une histoire vraie et oubliée.
Celle de l'île de Jersey, abandonnée par Churchill en juin 1940, envahie par les Allemands deux mois plus tard. Comment vont survivre les habitants de l'île livrés à l'ennemi ? Pour qui les nazis font-ils construire les seuls camps de concentration de l'Europe de l'Ouest ? Des centaines de Français y seront déportés. Pourquoi Churchill n'en a-t-il jamais parlé ? Ces années de lutte, l'auteur les raconte en suivant le quotidien palpitant de personnages qui n'ont eu d'autre choix que de collaborer avec l'occupant ou de résister.
Un roman poignant sur un chapitre ignoré de la Seconde Guerre mondiale.

Mon avis :
Comme elle l'explique dans une note en préambule de son roman, Caroline Grimm y aborde un épisode de la Seconde Guerre mondiale qui a volontairement été occulté par les Anglais et a donc disparu des livres d'histoire. Même si son récit est une fiction, il est basé sur des personnages et des faits réels et l'auteur a pris le temps de se documenter de manière très précise sur cette période, comme en témoignent les nombreuses notes qui aggrémentent le roman. J'ai été bouleversée de découvrir la situation des îles britanniques pendant la guerre, tout comme je l'avais été par celle de la Crète à la lecture de La jeune fille sous l'oliver de Leah Fleming.

Churchill m'a menti est un roman choral : on y suit plusieurs personnages, qui ont chacun la parole l'un après l'autre. Cette construction permet à l'auteur de nous donner plusieurs points de vue sur l'occupation nazie : celui de ceux qui ont choisi de résister comme de ceux qui préfèrent courber l'échine et collaborer malgré eux. En étant au plus près du vécu des personnages, on ressent aussi leurs émotions puissance mille, ce qui rend le roman particulièrement bouleversant. Je crois bien que tous les protagonistes m'ont touchée d'une manière ou d'une autre, comme c'est rarement le cas.

Pour autant, ce roman m'a séduite par la pudeur et la dignité qu'il dégage. Caroline Grimm a beau aborder une époque dramatique qui a détruit des vies entières, elle ne commet pas l'erreur de tomber dans le pathos larmoyant. Une raison de plus pour découvrir ce livre sans plus tarder.

Churchill m'a menti de Caroline Grimm, Le Livre de Poche, 2016, 276 pages

Dans cet Eloge de la gentillesse, Emmanuel Jaffelin replace cette notion oubliée au coeur des relations humaines. Un ouvrage passionnant qui donne à réfléchir.


Eloge de la gentillesse ~ Emmanuel Jaffelin

Quatrième de couverture :
Et si ce dont nous avions le plus besoin était la gentillesse ! Malheureusement, cette vertu est discréditée. Née dans la noblesse romaine, dénigrée dans le christianisme, réhabilitée à la Renaissance, elle s'étiole comme une fleur fanée dans la démocratie marchande. Emmanuel Jaffelin démonte les rouages de cette histoire contrariée, montre pourquoi, entre sagesse et sainteté, la gentillesse offre aux hommes une nouvelle manière de s'épanouir au quotidien, et comment elle permet de changer notre rapport aux autres.

Mon avis :
Aussi étonnant que cela puisse paraître, la gentillesse est la grande absente des dictionnaires de philosophie. Avec son Eloge de la gentillesse, Emmanuel Jaffelin comble ce vide et redonne sa valeur à cette vertu trop souvent considérée comme une faiblesse.

Le professeur de philo débute tout d'abord par une rétrospective historique de la gentillesse et nous expose les glissements de sens qu'elle a subit, de la Rome antique à la figure du gentilhomme, en passant par le christianisme du Moyen-Âge. Puis il s'engage dans une longue et complète description de la gentillesse et de ses différentes interprétations. D'Aristote à Platon, de Kant à Nietzsche en passant par Marx et Lao-Tseu, Emmanuel Jaffelin dissèque la notion pour en évider tout ce à quoi on l'assimile à tort.

On est donc bien plus dans le traité de philosophie que dans l'ouvrage de développement personnel. Si le sujet est traité avec une rigueur irréprochable et sans le moindre raccourci malhonnête, certains passages sont difficilement accessibles et nécessitent un effort de concentration non négligeable. J'imaginais un livre plus orienté vers la philosophie pratique, avec des exemples concrets, comme les bienfaits de la gentillesse en entreprise, puisque l'auteur y intervient régulièrement. 

Malgré ces quelques réserves, cet Eloge de la gentillesse n'en reste pas moins un ouvrage inattendu et passionnant, que bon nombre devraient lire afin de s'exercer à l'ouverture d'esprit.

Eloge de la gentillesse d'Emmanuel Jaffelin, Pocket, 2016, 227 pages

Le britannique Glen Duncan revient sous le pseudonyme de Saul Black avec un thriller diabolique qui a mis mes émotions et mes nerfs à rude épreuve.


Leçons d'un tueur ~ Saul Black

Quatrième de couverture :
C'est une chasse au trésor sanglante, dispersée dans tout le pays. Sept jeunes femmes violée, torturées puis tuées, dans le corps desquelles on a laissé d'étranges souvenirs : une fourchette, un abricot, une grenouille en terre cuite...
Valerie Hart, inspectrice à la Brigade criminelle de San Francisco, fut la première à relier ces crimes atroces entre eux. Mais aujourd'hui l'enquête piétine. Il ne s'agit plus seulement d'éviter une huitième victime, mais de sauver la vie d'une fillette sans défense, dans une cabane isolée du Colorado... Pour elle, chaque minute compte.

Mon avis :
Qu'il a été difficile à lire, ce roman ! Non qu'il ne m'ait pas plu, bien au contraire, mais cette effusion de violence gratuite et diabolique, notamment à l'égard de la petite Nell, a affolé mes émotions. Il est clair qu'être désormais maman ne me permet plus de supporter le sort des enfants de la même manière.

Contrairement à un polar traditionnel, Saul Black multiplie les points de vue, et donc les visions de l'horreur. Il y a celui des victimes : Nell, bien sûr, Angelo, son protecteur tout aussi impuissant, et Claudia, dont la situation a mis mes nerfs en pelote. Il y a celui de Valerie, l'enquêtrice dont l'arrestation du criminel est devenu une affaire personnelle. Et enfin, il y a le point de vue des meurtriers, d'autant plus effrayants que le mobile des crimes semble aussi ridicule qu'il est important à leurs yeux. A vrai dire, je ne sais pas ce qui, entre le mobile grotesque du meneur et la cruauté gratuite de son complice, m'a le plus effrayée.

J'ai relevé cette phrase à la fin du roman : "Le monde était décidément un endroit merveilleux. Peuplé de cauchemars". Des cauchemars où les femmes, les vieillards et les petites filles sans défense sont meurtris dans leur chair pour assouvir les lubies et le désir cruel d'un détraqué. C'est là d'ailleurs que la réalité rejoint la fiction, et ça fait froid dans le dos.

Leçons d'un tueur de Saul Black, Pocket, 2016, 564 pages

Avec Point Zéro, Antoine Tracqui dévoile une petite pépite entre thriller, SF et espionnage. Un premier roman qui révèle un auteur au talent indéniable.


Point Zéro ~ Antoine Tracqui

Quatrième de couverture :
K2 Industries. Une multinationale tentaculaire dirigée par le très secret Kendall Kjölsrud. Celui-ci dispose de moyens colossaux, dont sa propre armée, laquelle compte la mystérieuse Poppy Borghese, aux facultés... hors normes.
Alors pourquoi se donne-t-il tant de mal pour que Caleb McKay, ex-SAS reconverti dans les missions de sauvetage à risque maximal, dirige l'expédition qu'il organise pour atteindre un mystérieux artefact repéré en Antarctique ?
Très loin de là, au fin fond de la Russie, un vieil homme interrompt prématurément sa partie de chasse et se met lui aussi en route...

Mon avis :
Comment qualifier ce roman sans le réduire à un seul genre littéraire ? Point Zéro figure dans la sélection du Prix des nouvelles voix du polar organisé par les éditions Pocket, mais c'est beaucoup plus que cela. A la fois thriller, roman d'aventure, d'espionnage, de science-fiction, je préfère donc le qualifier de remarquable

Car, pour un premier roman, chapeau ! Quelle agréable surprise de découvrir ce jeune auteur à l'immense talent, capable de tenir son lecteur en haleine sur plus de 1000 pages ! J'ai été littéralement emportée par ce roman, de la première ligne au point final. Antoine Tracqui a construit son récit de manière subtile et intelligente, en multipliant points de vue et détails, ce qui lui permet de maintenir le suspense à son comble tout au long du roman. Le rythme est toujours effréné, on voyage sans cesse, du Zimbabwe à l'Antarctique, de la Russie à la Sicile. La surprise est toujours au coin de la page et on n'a pas le temps de s'ennuyer, ni même de prévoir la suite de l'intrigue.

J'ai également beaucoup aimé l'imbrication de faits historiques et de personnages réels (que je me suis amusée à reconnaître) dans une fiction annonciatrice de notre futur proche. Point Zéro a d'ailleurs été conçu comme une trilogie dont le second volet, Mausolée, a déjà paru aux éditions Critic. Dans la postface, Antoine Tracqui explique avoir conçu Point Zéro comme "une tentative pour relier une série d'événements distincts de l'histoire du XXe siècle, séparés de plusieurs années voire de plusieurs décennies, et qui ont donné lieu à d'innombrables conjectures". Le moins que l'on puisse dire, c'est que le pari est réussi

Point Zéro d'Antoine Tracqui, Pocket, 2016, 1146 pages

Avec ma fille, nous continuons à explorer les richesses de la littérature jeunesse. Nous avons découvert les histoires animées, qui lui plaisent beaucoup. Parmi ses préférés figurent deux histoires de la collection Kididoc chez Nathan.


Bonjour petit oiseau ! et Bonjour bébé chat ! ~ Mes 1ères histoires animées Kididoc

Quatrième de couverture :
Cui-cui ! Aujourd'hui, petit oiseau est sorti de l’œuf !
Manger, jouer, chasser... Bébé chat s'est bien amusé aujourd'hui !

Mon avis :
Qu'ils sont malins ces petits bouquins ! Ce sont des histoires très courtes qui racontent le quotidien de bébés animaux, comme celui de bébé. L'astuce est qu'elles sont complétées par des animations toutes mignonnes que l'enfant peut activer avec son doigt. Il devient alors acteur de l'histoire et peut par exemple faire sortir l'oiseau de sa coquille, ou envoyer la pelote de laine à maman chat !

A quatre mois, ma fille est encore un peu jeune pour activer toute seule les animations. En revanche, elle a très bien remarqué que les images se mettent à bouger quand c'est maman ou papa qui le fait. Elle adore les belles illustrations de Nathalie Choux (qui a aussi illustré "Cache-cache", son livre-tissu préféré) et fait de grands "ah" quand on tourne les pages. A noter que celles-ci sont cartonnées pour résister aux manipulations parfois maladroites des bébés.

Si vous aussi vous souhaitez transmettre le goût des livres à votre enfant dès son plus jeune âge, jetez un œil aux premières histoires animées Kididoc. Il en existe quatre spécialement adaptées aux tous petits bébés : petit oiseau, bébé chat, bébé lapin et bébé chien. Elles sont mignonnes, ludiques et permettent d'associer la lecture à un divertissement nouveau et enrichissant, et c'est ça qui donnera à votre bébé l'envie de lire toujours plus d'histoires !

Bonjour petit oiseau ! et Bonjour bébé chat !, Mes 1ères histoires animées Kididoc, Nathan Jeunesse, 2016
Je remercie les éditions Nathan Jeunesse pour cette lecture.

Vue l'ampleur du battage médiatique qui avait entouré La fille du train à sa sortie, il me fallait en avoir le cœur net. J'ai donc attendu la sortie poche de ce roman pour le lire. Verdict : un excellent thriller psychologique, mais un final qui m'a laissée sur ma faim.


La fille du train ~ Paula Hawkins

Quatrième de couverture :
Entre la banlieue où elle habite et Londres, Rachel prend le train deux fois par jour : à 8h04 le matin, à 17h56 le soir. Et chaque jour elle observe, lors d'un arrêt, une jolie maison en contrebas de la voie ferrée. Cette maison, elle la connaît par cœur, elle a même donné un nom à ses occupants : Jason et Jess. Un couple qu'elle imagine parfait. Heureux, comme Rachel et son mari ont pu l'être par le passé, avant qu'il ne la trompe, avant qu'il ne la quitte.
Jusqu'à ce matin où Rachel voit Jess dans son jardin avec un autre homme que Jason. La jeune femme aurait-elle une liaison ? Bouleversée de voir ainsi son couple modèle risquer de se désintégrer comme le sien, Rachel décide d'en savoir plus. Quelques jours plus tard, elle découvre avec stupeur la photo d'un visage désormais familier à la Une des journaux : Jess a mystérieusement disparu...

Mon avis :
Attention, roman addictif ! Sitôt commencé, il m'a été impossible de le lâcher et en deux jours, il était lu. Paula Hawkins a eu l'intelligence de raconter son récit du point de vue de trois femmes psychologiquement fragiles, qui ont tendance à réfléchir un peu trop et à réagir de manière exagérée. Ce point de vue biaisé permet ainsi à l'auteur d'introduire constamment de nouveaux éléments qui viennent compliquer l'intrigue. Mais surtout, cela lui permet de se jouer de son lecteur, qui ne sait plus qui croire et commence à cogiter à son tour.

J'ai beaucoup aimé cette idée de mettre en scène des personnages hystériques, peu sympathiques, parfois pathétiques, mais dont on a tout de même envie de voir sortis d'affaire. Rachel en particulier : malgré son alcoolisme et ses actions irréfléchies qui la rendent pitoyable, je ne pouvais m'empêcher d'avancer dans ma lecture pour savoir si c'était elle, la coupable. Et malheureusement, c'est là que la bât blesse : après une intrigue au summum du suspense, j'ai trouvé la fin sans surprise et finalement décevante. Dommage, il s'en fallait de peu pour que ce thriller psychologique devienne un chef d'oeuvre.

La fille du train de Paula Hawkins, Pocket, 2016, 453 pages

Imaginez qu'un algorithme élevé au rang de Dieu prenne en main votre double numérique pour vous assister dans toutes vos tâches et accomplir votre rêve le plus cher : trouver l'amour. Ça vous rappelle notre époque ? Bienvenue dans Match de Suzanne Galéa, une dystopie prometteuse dans le sillage de George Orwell et Philip K. Dick.


Match ~ Suzanne Galéa

Quatrième de couverture :
"Danaé, elle, ne voulait pas qu'on décide à sa place, elle ne voulait pas être heureuse, elle voulait être libre."

Danaé vit à contre-courant d'un monde où les hommes sont assistés en permanence par un double numérique qui calcule continuellement la bonne décision à prendre. Un monde où le hasard n'existe plus, où le bonheur est un état garanti, obligatoire presque. Pour préserver sa liberté, la jeune femme se voit contrainte de collaborer avec le Match, cette entreprise toute-puissante qui a développé l’application permettant à tous de trouver l'âme sœur. S’enchaînent alors pour Danaé une suite de découvertes et d’événements troublants qui pourraient bien bouleverser ses propres croyances, voire l’essence même de la nature humaine.

Avec ce premier roman dystopique, adroit mélange d’aventures, de conspirations et d’amour, Suzanne Galéa nous confronte subtilement à la question suivante : quelle part de notre liberté serions-nous prêts à céder pour être heureux ?

Mon avis :
J'avais été séduite par le quatrième de couverture de ce premier roman, je l'ai été encore plus en plongeant tête la première dans l'intrigue. Avec une écriture impeccable, Suzanne Galéa construit un univers complexe où l'humanité fait pâle figure sans son double numérique. Un monde où il existe une application pour tout : être performant au lit, calculer ses calories et suivre sa forme physique, ressentir des émotions et trouver l'amour. Bien rares sont ceux qui savent encore se passer de cette assistance digitale et qui, comme Danaé, ont le luxe de pouvoir encore rêver. 

J'ai adoré cet univers largement inspiré des dérives de notre propre société si friande d'applications et de coachs 2.0. Une atmosphère presque prémonitoire, sombre et pessimiste qui m'a rappelé les nouvelles de Philip K. Dick et 1984 de George Orwell. Dans ce climat où la suspicion règne en maître, Suzanne Galéa fait évoluer avec brio un personnage solaire et maîtrise le suspense du début à la fin. Un premier roman surprenant et prometteur qui fait froid dans le dos et donne envie de lire les suivants.

Match de Suzanne Galéa, Readmybook, 2016

La beauté de l'île de Sein, la poésie de l'écriture et une belle ode à la simplicité. Dans Trois éclats toutes les vingt secondes, Françoise Kerymer nous offre 280 pages pour se ressourcer.


Trois éclats toutes les vingt secondes ~ Françoise Kerymer

Quatrième de couverture :
L'île de Sein, fragment de terre sur l'océan, lande aride au ras de l'eau, petite terre plate au bout du nez de la France, dans le Finistère.
Début juillet, Emma débarque avec Camille, son fils de 7 ans. La maison de granit est ridiculement minuscule, humide et sans confort. Ici, tout agresse Emma, qui ne pense qu'à repartir. Mais l'exil est imposé par son mari, pour deux longs mois d'été... Emma dort et fume trop, pleure beaucoup, malgré le soutien d'Armelle, la restauratrice au grand cœur, et de Ronan, marin de la navette quotidienne avec la grande terre.
Camille, lui, est curieux de tout. Il s'émerveille avec Louis-Camille, le compositeur solitaire, et découvre l'Atlantique, sa magie, ses mystères. Il prend des risques, joue avec le danger.
Elle, la mère hyperémotive. Lui, le fils trop grand dans sa tête d'enfant. L'île, fragile et invincible. Deux mois qui les marqueront à vie.

Mon avis :
Il m'a fallu un peu de temps pour apprivoiser le caractère si particulier d'Emma et de Camille. Elle, se plaignant de tout et surtout de son fils. Lui, colérique et provocateur. Puis la magie a opéré peu à peu. J'ai été touchée par leur histoire, leur passé et celui des habitants de l'île. J'ai été émue par la beauté de l'île de Sein qui transparaît dans la poésie du texte. Et j'ai beaucoup aimé cette ode à la simplicité et à l'amour sincère, ce moment d'évasion que nous offre Françoise Kerymer.

Au final, j'ai aimé ce roman comme on déguste un bon vin en terrasse, au bord de la mer : on profite de l'instant présent, de ce moment de simplicité qui permet de recharger les batteries. Un pur bonheur au dépaysement garanti.

Trois éclats toutes les vingt secondes de Françoise Kerymer, Pocket, 2016, 282 pages

En matière d'histoires pour les enfants, le Père Castor est un incontournable depuis plusieurs générations. Le célèbre grand-père publie une nouvelle gamme de recueils d'histoire qui raviront petits et grands.


Les plus belles histoires du Père Castor qui font grandir ~ Collectif

Quatrième de couverture :
Dix histoires tendres à partager avec les enfants pour les aider à parler de leurs petites peurs et à grandir dans la vie.

Mon avis :
Le Père Castor et ses histoires représente un souvenir majeur de mon enfance, cette époque où les contes et les récits prenaient vie rien qu'en les racontant. Alors quel plaisir de raconter à mon tour ces histoires à ma fille !

Dans ce recueil, dix auteurs et illustrateurs ont pris plumes et crayons pour imaginer des histoires belles et touchantes qui rassurent les enfants et les aident à grandir. L'arrivée d'un bébé, la difficulté à s'endormir, le déménagement, le passage au pot ou encore la rencontre avec une nouvelle maîtresse d'école : avec tendresse et humour, ces petits récits parlent des grandes étapes de la vie qui peuvent angoisser les petits.

Bien qu'elle n'ait pas encore trois mois et ne s'intéresse pas aux illustrations pour le moment, ma fille adore déjà ces histoires qui font partie intégrante de notre rituel du soir. En fonction de sa fatigue et de sa difficulté à s'endormir, je lui lis des histoires courtes ou un peu plus longues : le recueil propose les deux. D'ailleurs, c'est pratique, le temps de lecture est indiqué dans le sommaire : de 3 à 20 minutes, on peut donc choisir son histoire facilement en fonction du temps que l'on souhaite consacrer à la lecture.

J'étais déjà une amoureuse des livres mais lire ce genre d'histoire à ma fille me donne encore plus de plaisir à la lecture. Lire des histoires à son enfant est un merveilleux moment de partage qui peut commencer dès le plus jeune âge, et même avant la naissance ! J'achèterai à coup sûr les deux autres volumes de la collection, Les plus belles histoires du Père Castor qui font rire et Les plus belles histoires du Père Castor avec les animaux, car ce sont des recueils riches et précieux !

Les plus belles histoires du Père Castor qui font grandir, Collectif, Flammarion Jeunesse, 2016, 128 pages

Et si vous viviez le 14 juillet 1789 de l'intérieur, dans la foule en colère, celle qui se révolte, qui gronde et qui meurt ? Dans son nouveau roman, Eric Vuillard redonne vie aux anonymes qui ont fait de cette date le symbole de la République française. Un roman intense et surprenant.


14 juillet ~ Eric Vuillard

Quatrième de couverture :
Paris est désormais au peuple. Tout chaviré. Aiguisé. Se baignant aux fontaines. La nuit est tombée. De petits groupes marchent sur les barrières. Ce sont des bandes d'ouvriers, de menuisiers, de tailleurs, gens ordinaires, mais aussi des porte-faix, des sans-emplois, des argotiers, sortis tout droit de leur échoppe ou du port au Bled. Et dans la nuit de la grande ville, il y eut alors une étincelle, cri de mica. 
L'octroi fut incendié. Puis un autre. Encore un autre. Les barrières brûlaient. Ce qui brûle projette sur ce qui nous entoure un je-ne-sais-quoi de fascinant. On danse autour du monde qui se renverse, le regard se perd dans le feu. Nous sommes de la paille.

Mon avis :
On l'a tous appris dans nos livres d'histoire, le 14 juillet 1789, c'est la prise de la Bastille, symbole de la Révolution Française. On associe cette date à de grands noms : Louis XVI, Robespierre, Danton... Mais qui se souvient de la foule, de ces Français du peuple qui se sont révoltés et sont morts ce jour-là, sans qui l'exploit n'aurait pas été possible ?

Dans 14 juillet, Eric Vuillard redonne un nom et un visage à la foule des anonymes sans qui la prise de la Bastille ne serait pas le symbole qu'elle est aujourd'hui. De sa plume vivante, il énumère les noms de ceux qui crient, qui se battent et qui meurent. Il retrace les derniers instants de ces Français qui sont prêts à laisser leur vie pour défendre leur liberté, et de ceux qui suivent la foule dans trop savoir pourquoi ils sont là. En une centaine de pages, Eric Vuillard nous transporte dans un flash-back de plus de 200 ans, au cœur de l'action. 

14 juillet est un roman instructif, addictif et terriblement actuel, une des plus belles surprises de cette rentrée littéraire.

14 juillet d'Eric Vuillard, Actes Sud, 2016, 208 pages
Je remercie les éditions Actes Sud et le site decitre.fr pour cette lecture.

Après Les gens heureux lisent et boivent du café, Agnès Martin-Lugand signe une suite brillante et addictive, toujours aussi agréable.


La vie est facile, ne t'inquiète pas ~ Agnès Martin-Lugand

Quatrième de couverture :
Rentrée d'Irlande, Diane est bien décidée à reconstruire sa vie à Paris. Avec l'aide de son ami Félix, elle s'est lancée à corps perdu dans la reprise en main de son café littéraire. C'est là, aux "Gens heureux lisent et boivent du café", son havre de paix, qu'elle rencontre Olivier. Il est gentil, attentionné, et, surtout, il comprend son refus d'être mère à nouveau. Car elle ne peut se remettre de la perte de sa fille.
Bientôt, un événement inattendu va venir bouleverser les certitudes de Diane quant à ses choix, pour lesquels elle a tant bataillé.
Aura-t-elle le courage d'accepter un autre chemin ?

Mon avis :
J'ai adoré retrouver Diane, Félix, Edward et les autres dans cette suite de Les gens heureux lisent et boivent du café, à ne lire pas ouvrir avant d'avoir lu le premier opus. Diane a repris du poil de la bête et se reconstruit jour après jour. Malgré tout, les blessures sont toujours là : celles causées par la perte de sa famille, et celles, plus récentes, liées à son séjour en Irlande. Ce mélange de forces et de faiblesses fait de Diane un personnage à la fois touchant et attachant, sans pour autant être niais ou agaçant.

Concernant l'intrigue, je dois avouer qu'elle est assez prévisible et que j'ai vu arriver de loin les choix de l'héroïne. Pour autant, le roman se lit avec délectation, d'une seule traite. J'ai aimé me retrouver à nouveau sur les plages irlandaises, au cœur de cette atmosphère à la fois triste et chaleureuse qui rend la duologie d'Agnès Martin-Lugand si savoureuse. J'ai d'ailleurs préféré le second opus au premier, moins versé dans la romance et plus centré sur les questions existentielles liées à la famille. La vie est facile, ne t'inquiète pas est un roman exquis idéal pour passer un moment cosy plein de tendresse.

La vie est facile, ne t'inquiète pas d'Agnès Martin-Lugand, Pocket, 2016, 251 pages

A travers le destin d'une jeune infirmière anglaise et de ses amis, Leah Fleming retrace les heures les plus sombres de la Crète sous l'occupation nazie. Un roman-souvenir remarquable et juste.


La jeune fille sous l'olivier ~ Leah Fleming

Quatrième de couverture :
1938. Invitée à rejoindre sa sœur à Athènes, la jeune et fougueuse Penny voit dans ce voyage l'occasion de rompre avec le carcan de la bonne société anglaise et de prendre enfin son indépendance. C'est là, dans la riche cité antique, que son chemin croise celui de Bruce, un séduisant archéologue néo-zélandais. Et déjà la guerre gronde...
Penny se porte alors volontaire pour aider la Croix-Rouge en Crète et s'improvise infirmière. Mais comment tenir sans nouvelles de Bruce ? Comment protéger son amie Yolanda, jeune infirmière juive ? Et, surtout, comment ne pas céder à cette fascination pour Rainer, ce haut gradé allemand que le hasard ne cesse de mettre sur sa route ?

Mon avis :
J'ai été happée dès les premières pages par la destinée hors du commun de Penny, Yolanda, Bruce et leurs amis. Le roman débute en Ecosse, en pleins préparatifs de la saison des débutantes, à laquelle Penny tente de se soustraire à tout prix, au grand dam de sa mère. J'ai tout de suite adoré le personnage de Penny, qui me rappelle mes deux héroïnes littéraires préférées : Elizabeth Bennet dans Orgueil et Préjugés de Jane Austen et Jane Eyre dans le roman de Charlotte Brontë. Toutes trois partagent le même caractère têtu et le même désir d'indépendance

Yolanda est elle aussi touchante, partagée entre le respect de sa communauté et de ses traditions et son besoin de se rendre utile dans cette guerre qui chamboule la vie de tous. Dans les rues d'Athènes, sur le front arménien puis dans les grottes crétoises, les deux femmes s'engagent au service de la Croix-Rouge pour sauver les vies qui ont été foulées par ce conflit absurde. De leur position d'infirmière, elles sont témoins de tous les aspects de la guerre : les bombardements aériens, les raids nazis, les rafles de juifs et la résistance qui s'organise dans l'arrière-pays.

Le roman se construit autour des souvenirs de Penny : devenue une vieille dame, elle retourne pour la première fois en Crète pour assister aux célébrations de la bataille. En alternant les réactions de Penny à son retour sur l'île et les flash-backs datant de la guerre, Leah Fleming préserve le suspense jusqu'aux toutes dernières pages. Le récit est addictif, juste et touchant, sans pour autant tomber ni dans le pathos, ni dans la romance. La jeune fille sous l'olivier est un magnifique roman qui rend hommage avec pudeur, humanité et respect à tous les acteurs de la bataille de Crète.

La jeune fille sous l'olivier de Leah Fleming, Pocket, 2016, 597 pages

Après une trêve de plusieurs mois liée à ma grossesse qui avait rendu mon âme un peu trop sensible, j'ai replongé tête la première dans l'univers zombie avec Les Décharnés : Une lueur au crépuscule de Paul Clément. Ce premier roman addictif et complet révèle un auteur de talent.


Les Décharnés : Une lueur au crépuscule ~ Paul Clément

Quatrième de couverture :
Une journée de juin comme une autre en Provence. Blessé à la cheville, Patrick, un agriculteur de la région, asocial et vieillissant, ne souhaite qu'une chose : se remettre au plus vite pour retrouver la monotonie de sa vie, rythmée par un travail acharné. 
Mais le monde bascule dans l'horreur lorsque les automobilistes, coincés dans un embouteillage non loin de chez lui, se transforment soudain en fous assoiffés de sang... de sang humain. S'il veut survivre, Patrick doit non seulement faire face à ces démons qui frappent à sa porte mais aussi à ceux, plus sournois, qui l'assaillent intérieurement. 
Et si cette petite fille, qu'il prend sous son aile, parvenait à le ramener, lui, vieux loup solitaire, dans le monde des vivants ?

Mon avis :
Attention, talent ! Ce roman à la fois drôle, émouvant et addictif est l'oeuvre d'un jeune auteur de 24 ans passionné par l'univers des zombies. Une passion qu'il transmet à merveille dans ce livre remarquablement construit, où l'humour côtoie l'émotion et le suspense. A mi-chemin entre Resident Evil et The Walking Dead, Les Décharnés : Une lueur au crépuscule s'inscrit dans la lignée des chefs d'oeuvre du genre auquel il fait d'ailleurs référence. 

Dans ce premier roman, Paul Clément a eu l'intelligence de mixer les ingrédients qui garantissent un cocktail détonnant : un personnage solitaire et misanthrope "adouci" par une petite fille courageuse et attachante, des morts-vivants plus vrais que nature et des survivants prêts à tout pour sauver leur peau. Le tout servi par un style impeccable qui révèle un talent certain pour l'écriture. Un sans faute que je recommande à tous les amateurs de zombies !

Les Décharnés : Une lueur au crépuscule de Paul Clément, 2015, 334 pages
Disponible sur Amazon et sur le site de Paul Clément

Dans La drôle de vie de Zelda Zonk, Laurence Peyrin fantasme une Marilyn Monroe toujours en vie et exilée au fin fond de l'Irlande. Un roman léger et rafraîchissant, idéal pour l'été.


La drôle de vie de Zelda Zonk ~ Laurence Peyrin

Quatrième de couverture :
Les jours s'écoulent, un peu trop calmes, un peu trop sages, pour Hanna Reagan, lorsqu'un accident de voiture la cloue sur un lit d'hôpital. La campagne irlandaise a ses charmes, ainsi que son romancier de mari, mais rien de pétillant comme sa voisine de chambre, une vieille dame malicieuse et mystérieuse répondant au nom de Zelda Zonk.
A ses côtés, et n'ayant rien d'autre à faire pendant sa convalescence, Hanna se prend à rêver d'une nouvelle vie, plus éclatante. Est-elle vraiment épanouie dans son hameau perdu, dans son mariage routinier ? Alors que Zelda lui conte son existence positive et joyeuse, Hanna se demande s'il est encore possible de changer la sienne...

Mon avis :
J'ai lu La drôle de vie de Zelda Zonk après avoir lu les louanges que Fiona en faisait sur son blog Pretty Books. Ce n'est pas le genre de livre vers lequel je me serais tournée instinctivement, mais j'ai décidé de lui donner sa chance. Et en effet, j'ai passé un bon moment et me suis surprise à apprécier ce roman rafraîchissant, parfait pour les mois d'été.

J'ai adoré le personnage de Zelda Zonk, pétillante et joyeuse, pleine de vie et d'intelligence. Ses leçons de vie et sa tendresse adressées à Hanna. Et surtout, ce mystère qui plane autour d'elle, qui devient l'obsession d'Hanna : Zelda Zonk était le pseudonyme de Marylin Monroe quand elle voulait passer inaperçue. La star serait-elle toujours en vie, retirée du monde dans son petit cottage irlandais ? J'ai trouvé cette intrigue surprenante et prometteuse, bien que trop peu exploitée.

A vrai dire, j'ai apprécié ce roman mais la deuxième moitié m'a plutôt déçue. Zelda disparaît peu à peu au profit de son fils Michael dont Hanna croit tomber amoureuse, l'intrigue tombe rapidement dans la romance et perd alors selon moi son originalité et sa saveur. Eh non, je ne suis toujours pas friande de romance ! J'ai également trouvé Hanna un peu trop naïve à croire que l'herbe est toujours plus verte chez le voisin.

La drôle de vie de Zelda Zonk aurait été meilleur à mon avis si le personnage de Zelda et son secret avaient été plus au centre de l'intrigue. En revanche, j'ai été enchantée par la plume vivante et recherchée de Laurence Peyrin qui rend la lecture de ce roman très agréable. Et ça, c'est l'essentiel.

La drôle de vie de Zelda Zonk de Laurence Peyrin, Pocket, 2016, 446 pages
Je remercie les éditions Pocket pour cette lecture.

Vous aussi vous êtes un brin bordélique ? Vous détestez ranger et vous vous laissez facilement dépasser par la multitude d'objets qui vous entourent ? Pour faire le tri dans son intérieur comme dans sa tête, la japonaise Marie Kondo propose une méthode radicale.


La magie du rangement ~ Marie Kondo

Quatrième de couverture :
Et si pour améliorer votre quotidien et changer votre vie, vous mettiez de l'ordre dans votre intérieur ? Voilà la proposition de Marie Kondo. Mais comment faire ? Que jeter ? Que garder ? Par où commencer ? Quand s'y mettre ? Et surtout, pourquoi est-ce si important ?
Avec cette incroyable méthode, oubliez tout ce que vous savez déjà en matière de rangement et révolutionnez votre intérieur, dans tous les sens du terme.

Mon avis :
Finis le bazar et l'accumulation, place à l'ordre et au rangement. Ce livre de la consultante en rangement (rien que ça) Marie Kondo est une véritable méthode de tri pour les nuls. La japonaise va à contre-courant des astuces couramment servies dans les magazines féminins et propose de prendre le taureau par les cornes : pour profiter d'un intérieur rangé durablement, il faut faire le tri par le vide, une bonne fois pour toutes.

Tout au long du livre, Marie Kondo distille ses conseils pour un rangement efficace et à long terme : commencer par les vêtements, puis les papiers, puis les livres, etc. Ne pas hésiter à jeter les objets qui ne nous procurent pas de joie, attribuer une place bien définie à chaque chose et remercier nos affaires pour le service rendu. Si l'approche de Marie Kondo, qui humanise presque chaque objet, peut sembler parfois un peu exagérée, l'ouvrage regorge de conseils bien pratiques pour se mettre à ranger. Attention toutefois à ne pas tout prendre au pied de la lettre : si cela ne semble pas le cas au Japon, il peut être utile en France de conserver ses relevés de compte bancaire et ses fiches de paie !

Enfin, il est bon de préciser que vu le sujet, Marie Kondo a réussi l'exploit de ne pas écrire un livre soporifique. Car avouons-le, le rangement, c'est barbant ! Seule notre consultante semble être absolument exaltée par la chose, dont elle nous dit tout au long de l'ouvrage que c'est sa plus grande passion depuis qu'elle a 5 ans. On a un peu de mal à y croire, mais passons. J'ai été assez surprise de la vitesse et la facilité avec laquelle j'ai lu ce livre. Et ce qui est bien, c'est qu'il suffit de suivre le guide pour tout ranger. Le plus dur est encore de se retrousser les manches et de s'y mettre.

La magie du rangement de Marie Kondo, Pocket, 2016, 220 pages

Après avoir adoré Demain est un autre jour, le premier roman de Lori Nelson Spielman, je m'attendais à un livre plein de fraîcheur et tout aussi touchant. Un plaisir malheureusement gâché par une héroïne qui n'a réussi qu'à m'agacer...


Un doux pardon ~ Lori Nelson Spielman

Quatrième de couverture :
Il suffit parfois d'une simple pierre pour faire basculer le destin.
Une simple pierre ou plutôt deux, arrivées par la poste. Hannah Farr, animatrice télé en plein flottement tant professionnel qu'amoureux, se trouve ainsi face à un choix.
Renvoyer l'une de ces pierres à celle qui la martyrisa enfant, c'est lui accorder son pardon. Mais à qui adresser la seconde, censée perpétuer la chaîne ? S'il est facile de pardonner, demander des excuses peut à jamais changer le cours d'une vie...

Mon avis :
Un doux pardon avait pourtant tout pour me plaire : une intrigue légère et censée donner la pêche, parfaite pour l'été. Une réflexion sur le pardon, qui nous invite à cette question existentielle. Et bien sûr, le style de Lori Nelson Spielman qui m'avait tant plu dans Demain est un autre jour.

Malheureusement, la magie de ce roman n'a pas opéré chez moi. En cause, le personnage d'Hannah Farr, qui a commencé à m'irriter dès ses premières apparitions. Plutôt gênant pour un personnage principal. A 34 ans, Hannah n'a qu'une chose en tête : se marier. Elle est tellement obnubilée par cette idée qu'elle en vient à faire foirer l'un après l'autre tous ses projets, personnels et professionnels, incapable de voir plus loin que son obsession.

Je sais que ce roman a plu a un grand nombre de lecteurs, et ce sera peut-être votre cas. Pour moi, Hannah m'a semblé d'une naïveté déconcertante qui m'a fait lever les yeux au ciel à de nombreuses reprises. Incapable de regarder la réalité en face, passant son temps à se plaindre et à rejeter la faute sur les autres. Bref, il m'a finalement fallu me faire violence pour terminer ce roman. Du coup, le discours sur le pardon, pourtant intéressant et amené de manière plutôt originale, en perd toute sa puissance, et c'est bien dommage.

Un doux pardon de Lori Nelson Spielman, Pocket, 2016, 442 pages
Je remercie les éditions Pocket pour cette lecture.

Pour la cinquième aventure commune des lieutenants Sharko et Henebelle, Franck Thilliez a mis le paquet et signe l'un des romans les plus sombres de la saga.


Pandemia ~ Franck Thilliez

Réserve ornithologique du Marquenterre, en Baie de Somme. Trois cadavres de cygnes sont découverts alors qu'ils effectuaient leur vol migratoire. Les microbiologistes de l'Institut Pasteur interviennent pour écarter toute menace sanitaire. En parallèle, les officiers de la police judiciaire de Paris enquêtent sur le meurtre sauvage d'un homme et de son chien, en forêt de Meudon. Pendant ce temps, une mystérieuse grippe décime les équipes du 36, quai des Orfèvres. A première vue, les trois affaires ne semblent pas liées. Mais si c'était le cas ?

Dans le premier cercle du Mal
Je savais déjà, avant même de la commencer, que Pandemia serait une excellente lecture. Le tome précédent, Angor, se finissait sur un gros cliffhanger qui ne présageait que du bon pour la suite. Et pour cause, Pandemia reprend le fil rouge que Franck Thilliez avait patiemment tiré dans Atomka puis Angor. Il est donc fortement conseillé de lire ces deux romans avant de lire ce tome-ci.

Dans cet opus, l'auteur explore le monde de l'infiniment petit : celui des microbes. Les personnages de microbiologistes y jouent un rôle clé qui donne du relief à l'intrigue et rendent le récit terriblement vraisemblable (même si certaines scènes sont un peu tirées par les cheveux). Les méchants de l'histoire, à commencer par le fameux Homme en noir déjà croisé dans Angor, sont quant à eux terrifiants et diaboliques, à vous filer des cauchemars.

On retrouve dans Pandemia les deux personnages qui avaient été révélés dans Angor, Nicolas et Camille. Ils donnent un peu de souffle à Franck Sharko et surtout à Lucie Henebelle, moins présents. Si le rythme de l'intrigue est toujours aussi effréné, attendez-vous toutefois à des surprises. En effet, Pandemia est sans aucun doute le roman le plus sombre de la saga et l'un des plus aboutis. Franck Thilliez entraîne ses personnages et son lecteur dans une plongée abyssale au plus près des racines du Mal. Délicieusement terrifiant.

A noter : en bonus dans l'édition Pocket, le roman est suivi de la nouvelle Le Grand Voyage, le préambule à Pandemia à lire absolument !

Pandemia de Franck Thilliez, Pocket, 2016, 653 pages
Je remercie les éditions Pocket pour cette lecture.

Dans ce thriller historique, l'écrivain espagnol Daniel Sanchez Pardos fait revivre le célèbre architecte catalan Antoni Gaudí sous les traits d'un Sherlock Holmes énigmatique. Un roman dense et plein de surprises que j'ai découvert grâce à l'opération Masse critique de Babelio.


Barcelona ~ Daniel Sanchez Pardos

Barcelone, 1874. A peine revenu d'un exil de six ans à Londres avec sa famille, le jeune Gabriel Camarasa, étudiant en architecture issu d'une famille de notables espagnols, échappe de justesse à la mort grâce à Antoni Gaudí, lui aussi futur architecte. Ce dernier lui sauve la vie lors de l'incendie de l'immeuble qui abritait "La Gazette du Soir", concurrent direct du journal fondé par le père de Gabriel. Rapidement, les Camarasa sont dans le collimateur des autorités, soupçonnés d'avoir provoqué l'incendie. Dès lors, les deux étudiants se lient d'amitié et mènent leur enquête jusque dans les ruelles les plus sombres de Barcelone. Ils sont assistés de Fiona Begg, illustratrice au journal des Camarasa, et de Margarita, la jeune sœur de Gabriel. Mais quand son père est accusé de meurtre, l'affaire prend une tournure politique que Gabriel est loin de maîtriser.

Dans les bas-fonds de Barcelone
Dans Barcelona, Daniel Sanchez Pardos redonne vie à la Barcelone de la fin du 19ème siècle, en pleine effervescence industrielle et politique, à cheval entre la monarchie et la république. Il nous emmène dans les moindres recoins de la ville, des grandes maisons bourgeoises aux arcades de la basilique Santa Maria del Mar, en passant par les théâtres clandestins aux vapeurs d'alcool et d'opium. On y côtoie les notables comme les rebuts de la société.

C'est Antoni Gaudí, sorte de génie énigmatique et suffisant, qui fait le lien entre ces deux mondes, à l'aise dans les deux milieux. Daniel Sanchez Pardos a créé là un personnage intéressant qui préfigure déjà la personnalité originale du célèbre architecte catalan. Néanmoins, si tous les personnages principaux sont dotés d'un relief et d'une profondeur remarquable, ils m'ont tous agacée à un moment ou l'autre. Antoni par son caractère un peu trop présomptueux, Gabriel par sa naïveté déconcertante et Margarita par ses manières de fille à papa. Seule Fiona m'a réellement plu par son indépendance et sa liberté de ton.

Cela ajouté à une intrigue au rythme assez lent, qui met du temps à démarrer, et j'ai eu du mal à rester captivée par ce roman avant d'en avoir dépassé la moitié. C'est dommage, car l'intrigue est bien construite et devient ensuite assez passionnante. De plus, le style de Daniel Sanchez Pardos donne réellement vie au décor comme à l'histoire grâce à des descriptions détaillées et des dialogues vifs. Malgré quelques bémols, Barcelona est néanmoins une belle découverte.

Barcelona de Daniel Sanchez Pardos, Presses de la Cité, 2016, 537 pages
Je remercie les éditions Presses de la Cité et Babelio pour cette lecture.

A défaut de pouvoir voyager régulièrement, j'adore lire des récits de voyage. Surtout lorsqu'il s'agit de périples originaux. Après Sylvain Tesson, j'ai découvert une nouvelle aventurière, la Suissesse Sarah Marquis. Dans Déserts d'altitude, elle raconte sa traversée à pied de la cordillère des Andes. Dépaysement assuré.


Déserts d'altitude ~ Sarah Marquis

En 2006, Sarah Marquis entreprend un voyage en Amérique latine. Son objectif : rallier Los Andes (Chili) au Machu Picchu (Pérou). La particularité de son périple : elle est seule et à pied. Ce long voyage va lui faire découvrir des paysages d'une beauté à couper le souffle et lui faire faire des rencontres inoubliables.

7 000 km en solo dans les Andes
En 8 mois, Sarah Marquis effectue la traversée, sur ses jambes, sac de 30 kg sur le dos, du Chili, de la Bolivie et du Pérou. Elle passe par des villages pittoresques, rencontrant leurs habitants plus ou moins accueillants. Elle traverse le désert d'Atacama, doit lutter contre la chaleur de la journée, le froid glacial de la nuit et les attaques des animaux et des hommes qui n'ont pas de pitié pour la femme solitaire qu'elle est. Elle affronte la faim et la fatigue, la cruauté des hommes envers les animaux, même domestiques, la méchanceté de certains habitants mais aussi la gentillesse de certains autres. Elle traverse le lac Titicaca en canoë et se débat avec un lama au caractère bien trempé.

Cette aventure, elle l'effectue pour aller à la rencontre de l'inconnu, mais surtout pour revenir à l'essentiel. Etre au contact de la nature, lâcher prise, oublier le temps et regagner espoir en l'humain, grâce à des rencontres spontanées et inoubliables.

Avant même de commencer la lecture de Déserts d'altitude, j'éprouvais déjà une fascination et un profond respect pour Sarah Marquis. Car traverser la cordillère des Andes à pied est un exploit en soi, qui plus est quand on est une femme seule. Ce sentiment s'est encore accentué au fil de la lecture, et j'ai été réellement impressionnée par la ténacité et la force de caractère de Sarah Marquis. Malgré les nombreux obstacles qui lui barrent la route, elle garde son objectif en vue et ne baisse jamais les bras.

Le récit, parfois très poétique, s'accompagne de quelques photographies prises par Sarah Marquis ou son frère lors d'escales et de croquis réalisés après son retour par Janis Lachat. Ils donnent à voir des paysages somptueux à l'immensité époustouflante. De quoi donner envie, à son tour, d'enfiler ses chaussures de randonnée et de partir à l'aventure.

Déserts d'altitude de Sarah Marquis, Pocket, 2016, 228 pages
Je remercie les éditions Pocket pour cette lecture.

Depuis quelques années, Michel Bussi est devenu un auteur incontournable du paysage littéraire français. Cela fait quelques temps que je souhaitais le lire et je me suis finalement jetée à l'eau avec Maman a tort. J'ai découvert un thriller surprenant et très bien construit qui aborde avec brio le thème du désir d'enfant.


Maman a tort de Michel Bussi

A trois ans et demi, Malone est un petit garçon éveillé et déjà mature pour son âge. Depuis quelques semaines, il éveille les soupçons d'un psychologue scolaire par son discours surprenant : sa maman n'est pas sa vraie maman. Le psychologue décide alors de creuser la piste et demande de l'aide à Marianne Augresse, commandante de police au Havre. Il faut agir vite, car à son âge, les souvenirs de Malone s'effacent les uns après les autres. Qui est vraiment ce petit garçon ?

La vérité sort de la bouche des enfants
Dès la lecture du quatrième de couverture, on imagine que ce roman va mettre les nerfs du lecteur à rude épreuve. Et en effet, Michel Bussi nous emmène dans une direction puis dans l'autre, semant ici et là des indices qui nous conduisent sur des pistes multiples. Maman a tort est une succession d'hypothèses, de fausses pistes sur lesquelles on ne peut s'empêcher de s'engager. Le rythme est haletant et l'intrigue passionnante, si bien que ce roman m'a obnubilée jusqu'à ses dernières pages.

Il faut dire que le thème central du livre, le désir d'enfant, a rencontré chez moi une résonance particulière en ce 8ème mois de grossesse. Petit à petit, on découvre que tous les personnages féminins partagent ce désir irrépressible d'être maman et d'apporter leur amour à un enfant, quitte à agir contre la loi ou leurs principes. Les personnages masculins, en revanche, sont le plus souvent froids et insensibles, à quelques exceptions près. Les plus attachants restent évidemment Malone et son doudou Gouti, qui occupe dans l'intrigue une place bien plus importante que ce qu'on peut imaginer au départ.

Maman a tort change des thrillers très sanglants que j'affectionne et dont j'ai l'habitude. Si la dimension criminelle reste importante, j'ai surtout apprécié le travail de construction de l'auteur qui balade son lecteur et à aucun moment ne laisse deviner l'issue finale. Sans parler de ce thème du désir d'enfant qui donne au roman une coloration particulière et le fait sortir du lot. 

Maman a tort de Michel Bussi, Pocket, 2016, 543 pages
Je remercie les éditions Pocket pour cette lecture.

Il m'arrive rarement de lire des romans jeunesse mais, allez savoir pourquoi, celui-ci m'a attirée par son titre et sa promesse. C'est un beau roman qui encourage à croire en ses rêves jusqu'à les toucher du doigt !


Le garçon qui courait plus vite que ses rêves ~ Elizabeth Laird

A 11 ans, Solomon n'a jamais quitté le village d'Ethiopie dans lequel il vit. Tous les jours, il parcourt en courant les 8 kilomètres qui le séparent de son école. Car son rêve est de devenir un grand coureur de fond et de représenter son pays aux Jeux Olympiques, comme l'ont fait ses idoles Haile Gebreselassie et Derartu Tulu. Alors, quand son grand-père lui demande de l'accompagner à Addis Abeba, la capitale, il n'en croit pas ses oreilles ! Mais arrivés sur place, son grand-père est victime d'un malaise. Alors que ce dernier est admis à l’hôpital, Solomon puise dans ses dernières forces et court jusqu'au village pour prévenir sa famille.

Voyage initiatique au bout de ses rêves
Le garçon qui courait plus vite que ses rêves est un très beau roman initiatique dans lequel Solomon, par les épreuves qui lui sont imposées, devient un homme capable de croire en ses rêves. Lui qui depuis toujours désirait sortir de son village, va apprendre dans la capitale la fourberie et la tromperie dont sont capables les personnes mal intentionnées. Il va aussi faire de merveilleuses rencontres, connaître le passé de son grand-père et y trouver l'étincelle qui lui donnera des ailes pour toucher du doigt ses rêves

Epreuve après épreuve, de surprise en déception, Solomon ne baisse jamais les bras. L'amour et le respect qu'il porte à son grand-père, l'amitié qu'il partage avec ses amis le poussent à se surpasser. C'est alors qu'il prend conscience que son rêve le plus cher, devenir athlète, est à portée de main. 

Dépaysant et édifiant, Le garçon qui courait plus vite que ses rêves est un magnifique roman d'apprentissage. Plein d'espoir, il encourage les jeunes lecteurs à avoir confiance en eux, à croire en leurs rêves et à tout donner pour les atteindre !

Le garçon qui courait plus vite que ses rêves d'Elizabeth Laird, Flammarion, 2016, 156 pages (dès 11 ans)
Je remercie les éditions Flammarion Jeunesse pour cette lecture.

Et si une société plus égalitaire et plus juste était possible ? Face aux échecs du modèle économique et social fondé sur le profit individuel, il est peut-être temps de réfléchir à une alternative plus bienveillante. Dans ce recueil de conférences, des scientifiques, économistes et dirigeants d'entreprises exposent au Dalaï-Lama leurs recherches et leurs initiatives en faveur d'un monde altruiste. De quoi redonner espoir en l'humanité.



Vers une société altruiste est la transcription des échanges qui se sont tenus lors de la conférence "Altruisme et compassion dans les systèmes économiques" qui s'est tenue à Zurich (Suisse) en avril 2010. Cette rencontre organisée par la neuroscientifique Tania Singer rassemblait des scientifiques, des économistes, des dirigeants d'entreprises mais aussi des personnalités bouddhistes (parmi lesquelles Matthieu Ricard) venus exposer leurs travaux sur l'altruisme au Dalaï-Lama.

Encourager les comportements pro-sociaux pour le bien de tous
Dans ce livre, pas moins de 14 allocutions apportent un point de vue novateur et inédit sur la manière de faire évoluer notre société vers plus d'altruisme et de compassion. Des scientifiques, notamment dans le domaine des neurosciences, viennent tout d'abord présenter leurs recherches sur l'altruisme et le comportement pro-social, réfutant la thèse selon laquelle l'homme est naturellement égoïste et mû par son seul intérêt personnel. Puis, ce sont des économistes qui exposent leurs travaux sur une répartition des richesses basée sur l'altruisme et le bien commun, plutôt que sur l'avidité et le profit personnel. Enfin, des investisseurs à l'origine d'initiatives pro-sociales viennent prouver par l'exemple qu'une économie concrète fondée sur l'altruisme, la compassion et l'égalité est possible. Lors de chaque allocution, les intervenants interagissent avec le Dalaï-Lama dont les questions permettent d'élargir le débat.

Toutes ces recherches et initiatives s'appuient sur des principes fondamentaux de la pensée bouddhiste : l'altruisme, l'empathie, la compassion, la recherche du bonheur d'autrui comme condition du bonheur de chacun et l'interdépendance de toute chose. C'est pourquoi le Dalaï-Lama a tout à fait sa place dans ce débat. Bien qu'il assure qu'une société altruiste ne doit pas forcément être bouddhiste, il insiste sur la nécessité d'adopter une vision holistique, c'est-à-dire une vision d'ensemble de la société pour éviter la domination de l'ego qui mène à l'égoïsme, aux inégalités et à la souffrance.

Lire Vers une société altruiste permet de comprendre que le bouddhisme est loin d'être une spiritualité de moines coupés du monde dont la seule activité est de méditer dans leur monastère. Au contraire, il s'agit d'une pensée très vaste qui prône l'empathie, la compassion et la bienveillance dans le but de construire une société plus juste, échappant à l'accumulation de la richesse matérielle comme valeur suprême et visant le bonheur de chacun plutôt que le bonheur individuel. Des enseignements dont les dirigeants politiques et économiques du monde devraient s'inspirer.

Vers une société altruiste : entretiens avec le Dalaï-Lama, sous la direction de Matthieu Ricard et Tania Singer, Pocket, 2016, 302 pages
Je remercie les éditions Pocket pour cette lecture.

Subitement prise d'envie de lire du policier, j'ai sorti ce pavé qui traînait dans ma pile à lire depuis plus de deux ans, dont on m'avait dit beaucoup de bien. J'ai découvert un roman à l'intrigue tentaculaire, mais trop précipitée sur la fin.



Londres, à l'approche de l'hiver. Une série de meurtres sanglants agite New Scotland Yard : un individu s'en prend à des adolescents métis défavorisés et met en scène leurs corps violés et torturés dans un rituel funeste. L'enquête est menée par l'inspecteur Thomas Lynley et son incontrôlable adjointe, le constable Barbara Havers. Pour contenir la presse, l'adjoint au préfet David Hillier met aussi sur l'enquête le sergent Winston Nkata et un curieux profiler venu tout droit des Etats-Unis. Ensemble, ils s'efforcent de démêler toutes les pistes de l'enquête, avant que le serial killer ne frappe de nouveau.

Délinquance juvénile et quartiers glauques
Sans l'ombre d'un témoin est le treizième tome des aventures de Linley et Havers, mais il peut sans problème se lire de manière indépendante. Je n'avais moi-même jamais lu de roman d'Elizabeth George et je n'ai eu aucun problème à me plonger dans ce roman. 

Si j'ai eu des difficultés en revanche, c'est avec le personnage de Barbara Havers, une flic négligée, vulgaire et insubordonnée. Elle m'a hérissé le poil un certain temps, avant que sa compétence ne prenne le dessus sur son caractère de cochon. Une réaction voulue par l'auteur, qui creuse petit à petit le caractère et le passé de tous ses personnages pour les présenter sous leurs multiples facettes.

Malgré plus de 900 pages, l'intrigue tentaculaire est très prenante et ne souffre d'aucune longueur. Je me suis d'ailleurs bien laissée prendre par le déroulement de l'enquête... jusqu'au dernier quart du roman que j'ai trouvé assez prévisible. Malheureusement, le dénouement est un peu facile et beaucoup trop précipité en regard de l'intrigue qui s'étend comme une pieuvre. Dommage, ce roman qui s'annonçait prometteur se termine en déception et sera vite oublié.

Sans l'ombre d'un témoin d'Elisabeth George, Pocket, 2005, 918 pages