Le deuxième roman de Karen Viggers raconte la relation sauvage et compliquée de deux êtres aux cœurs brisés. Ce roman émouvant et plein de finesse m'a laissé un souvenir touchant.


La Maison des hautes falaises de Karen Viggers : une merveille de beauté et d'émotions

Après une épreuve personnelle particulièrement difficile, Lex Henderson décide de quitter Sydney et de s'installer sur la côte australienne, où il a acheté une petite maison dans un village isolé. Du haut des falaises, il aime regarder les baleines qui passent au loin dans un spectacle fascinant et guérisseur. Plus tard, il fait la connaissance de Callista, une artiste du village au passé lui aussi douloureux. Commence alors une relation passionnée mais balbutiante, entre tendresse et méfiance. Le spectacle des baleines saura-t-il les rapprocher pour de bon ?

Se reconstruire au contact des baleines
Dès les toutes premières pages, j'ai su que La Maison des hautes falaises me plairait. A vrai dire, ce roman m'a transportée sur la côte australienne pendant plusieurs jours, et m'a tellement captivée que j'en ai ralenti la lecture pour la faire durer le plus longtemps possible.

J'ai d'abord été séduite par la plume touchante et poétique de Karen Viggers, dont la beauté s'exprime dès les premiers paragraphes du livre. Ensuite, j'ai été émue par les personnages de Lex et de Callista, qui tentent de s'arracher à un passé traumatisant comme on se débat des vagues qui nous submergent. Leur relation, passionnelle mais timide, tellement marquée par leurs blessures respectives, m'a touchée par la tendresse et la sincérité de leurs sentiments l'un pour l'autre.

Dans son roman, Karen Viggers décrit la nature sauvage qui déchaîne ses éléments contre les hommes, faisant écho à la tempête qui régit les cœurs des héros. Les descriptions sont d'une beauté surprenante et les passages dédiés aux baleines sont fascinants. Pendant toute ma lecture, j'étais dans cet état curieux mêlé de tristesse et d'apaisement que m'inspirent ces animaux majestueux. Le même état, au fond, que celui des personnages devant ce spectacle à la beauté rare.

La Maison des hautes falaises m'a émue et m'a mise dans un état de quiétude et d'abandon que peu de romans ont réussi à créer. Ce livre est un coup de cœur et je lirai à coup sûr le premier roman de Karen Viggers, La Mémoire des embruns.

La Maison des hautes falaises de Karen Viggers, Les Escales, 2016, 424 pages

La lecture est un de mes passe-temps favoris depuis que je suis toute petite. C'est bien simple, je ne me souviens pas d'une époque sans livres. En revanche, je me souviens de ceux qui m'ont marquée étant jeune. Voici 6 d'entre eux.



Les albums de Babar de Jean et Laurent de Brunhoff

1. Les albums de Babar de Jean et Laurent de Brunhoff
Avant même de savoir lire, j'étais fan des aventures de Babar, dont je possédais tous les albums. A l'époque, le roi des éléphants avait aussi son dessin animé, que je ne manquais pour rien au monde.

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Elmer de David McKee

2. Elmer de David McKee
Encore un éléphant dont j'adorais les aventures ! J'ai dû lire ce livre une centaine de fois et je ne m'en lassais jamais.

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Les Monsieur & Madame de Roger Hargreaves

3. Les Monsieur & Madame de Roger Hargreaves
J'avais toute la collection, et même les cassettes audio pour écouter l'histoire tout en lisant ! Je crois d'ailleurs que c'est avec ces livres que j'ai appris à lire toute seule. Evidemment, mon préféré était M. Chatouille !

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Fantômette de Georges Chaulet

4. Fantômette de Georges Chaulet
Une fois en CE1-CE2, j'ai littéralement dévalisé la collection de livres La Bibliothèque Rose présente dans ma classe. Il y avait Le Club des Cinq et L'Etalon Noir, mais mes aventures préférées entre toutes étaient celles de Fantômette. En plus, la série passait à la télévision à l'époque !

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Harry Potter de J.K. Rowling

5. Harry Potter de J.K. Rowling
Lorsque j'avais 11-12 ans, la folie Harry Potter battait son plein. Je me souviens ne pas être intéressée au début par cette saga dont tout le monde parlait. Puis j'ai lu le premier tome qui m'avait été offert par ma marraine, et je me suis plongée dans la série.

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La joueuse de go de Shan Sa

6. La joueuse de go de Shan Sa
Quand j'étais adolescente, vers 15 ans je crois, j'ai lu La joueuse de go qui venait de sortir en poche. J'ai tellement adoré ce roman que j'ai lu presque tous les livres de Shan Sa, avant d'enchaîner avec les livres de Chow Ching Li (Le Palanquin des larmes et Dans la main de Bouddha).


A propos du Top Ten Tuesday
Le Top Ten Tuesday est un rendez-vous hebdomadaire dans lequel les blogueurs listent leur top 10 selon un thème littéraire prédéfini. Ce rendez-vous a initialement été créé par The Broke and the Bookish et repris en français pour une 2ème édition sur le blog Frogzine.

Dans ce qu'il nomme son "traité d'antipuériculture", le pédiatre Philippe Grandsenne délivre ses conseils, basés sur son expérience de médecin, sur la manière d'aborder les premiers mois du nouveau-né. Un livre pratique et rassurant pour les futurs parents.


Bébé dis-moi qui tu es : les conseils d'un pédiatre aux futurs parents

Cent jours pour faire un bébé
Lorsque, comme moi, on attend son premier enfant, on est souvent confronté à une multitude d'informations, bien souvent contradictoires, sur la façon dont s'occuper de son bébé. Conseils des mères et belles-mères, instructions de la maternité, informations glanées sur internet ou dans les médias : on entend tout et son contraire et finalement, on est totalement perdu.

Pour rassurer les parents et leur délivrer une information fiable et sans prise de tête, le Dr Philippe Grandsenne a écrit Bébé dis-moi qui tu es. Cet ouvrage basé sur son expérience de plusieurs décennies auprès des nouveaux-nés remet le bébé au cœur du débat et propose une méthode simple qui fait toujours ses preuves : écouter son enfant et répondre simplement à ses besoins.

Inutile de laisser pleurer son petit sous prétexte qu'il est "capricieux" et vous mènera la vie dure plus tard : s'il pleure, c'est qu'il exprime un besoin et qu'il n'a pas d'autre moyen de le faire. Ne faisons-nous pas des enfants pour qu'ils soient heureux ? Pourquoi alors les laisser dans leur détresse ?

J'ai beaucoup aimé l'approche simple et profondément humaine du Dr Grandsenne. Celui-ci affirme qu'un nouveau-né est un "foetus dehors" qui demande une attention particulièrement soutenue, et qu'il a besoin de cent jours pour "se régler" et devenir un nourrisson, un bébé. Il est alors normal que son sommeil, son appétit et son rapport au monde paraissent "chaotiques", et tous les efforts faits pour le "raisonner" n'y changeront rien. Autant alors s'en occuper avec le plus d'amour possible, lui parler et l'éveiller.

Dans cet ouvrage qui déculpabilise les parents, Philippe Grandsenne ne délivre pas seulement des conseils pratiques sur le sommeil, la toilette ou l'alimentation du bébé. Il retrace aussi les différentes conceptions du nouveau-né qui ont prévalu au fil des âges. Au final, il aide les parents à comprendre comment fonctionne leur tout-petit, pour les inviter à ne pas paniquer au premier pleur venu. En tant que future maman, Bébé dis-moi qui tu es m'a beaucoup rassurée sur ce grand saut dans l'inconnu qu'est la parentalité. Je verrai dans quelques mois si les conseils du Dr Grandsenne sont pertinents.

Bébé dis-moi qui tu es de Dr Philippe Grandsenne, Poche Marabout, 2013, 288 pages

Cela faisait plusieurs années que je souhaitais lire le plus grand succès de Frank Herbert, non sans appréhension. J'ai découvert un roman dense et complexe à l'univers extrêmement riche, qui offre plusieurs niveaux de lecture.


Dune de Franck Herbert : un chef d'œuvre à plusieurs niveaux de lecture

"Je ne connaîtrai pas la peur, car la peur tue l'esprit"
En 10191, l'Empereur Padishah Shaddam IV offre la planète Arrakis, également connue sous le nom de Dune, en fief au Duc Leto Atréides. Inhospitalière et constituée de gigantesques désert où il ne pleut jamais, Dune est la seule planète sur laquelle est produite l'épice, la ressource la plus convoitée de l'univers. En se rendant sur Arrakis avec son concubine Jessica, son fils Paul et ses gens, Leto Atréides flaire un piège tendu par la Maison Harkonnen, son ennemie depuis toujours. Les Atréides auront besoin de l'aide des Fremens, le mystérieux peuple autochtone de Dune dont la religion annonce la venue d'un prophète qui proclamera la guerre sainte et leur rendra leur liberté.

En commençant Dune, je savais que je m'attaquais à un monument de la science-fiction. Néanmoins, je ne m'attendais pas à découvrir un univers aussi vaste, aussi complexe, sorti tout droit de l'imagination de Frank Herbert. Rien que pour son intrigue et son univers foisonnant, décrit dans ses moindres aspects (politique, écologique, religieux), Dune mérite le statut de chef d'œuvre.

Mais derrière la formidable intrigue de science-fiction se trouve une dimension plus universelle, religieuse et prophétique. J'avoue avoir eu du mal à tout saisir dès la première lecture, et Dune est un roman qui nécessite à mon sens plusieurs lectures pour que se révèlent tous les sens cachés par l'auteur. J'ai par exemple été interpellée par la place prépondérante de la religion et par ce concept de "Jihad" que l'auteur utilise tel quel pour désigner la guerre sainte que doit mener le prophète des Fremens pour changer l'univers. C'est d'ailleurs en regardant une vidéo d'Hajar que j'ai compris que Frank Herbert s'était très largement inspiré de l'islam pour écrire son livre. J'ajouterais que toutes les religions et leurs différents courants messianiques y sont présentes, et que la dimension prophétique de Dune peut résumer l'histoire de l'humanité et les batailles qu'elle a toujours menée pour imposer telle ou telle croyance qu'elle pense être la vérité.

Côté style, l'écriture de Frank Herbert, agréable et très descriptive, nous plonge tête la première dans son univers. A ce titre, le lexique de fin est très pratique pour comprendre les nombreux termes inventés par l'auteur. De plus, ce dernier fait la part belle aux pensées de ses nombreux personnages, dont les capacités cognitives sont impressionnantes. Enfin, chaque chapitre débute par un extrait des écrits de la Princesse Irulan, la fille de l'Empereur, qui inscrivent le récit dans une dimension plus vaste et apportent une complexité supplémentaire à l'ouvrage. 

En ayant fini ma lecture, j'ai eu le sentiment de n'avoir découvert qu'une infime partie des richesses que renferme ce roman. Pour la comparaison, j'ai ensuite regardé le film de David Lynch, très réussi, qui a le mérite de transposer l'univers et l'intrigue de Dune de manière assez fidèle. Malgré tout, je reste convaincue qu'il me faudra relire le roman pour m'en imprégner davantage... avant de lire les 5 tomes suivants.

Dune de Frank Herbert, Pocket, 2016, 894 pages
Je remercie les éditions Pocket pour cette lecture.

Dans Berezina, Sylvain Tesson l'écrivain casse-cou nous emmène dans un road-trip en side-car de Moscou à Paris, deux cents ans après la retraite de Russie. Un récit fait de neige, de gomme et de vodka sur les traces de l'Histoire.


Berezina de Sylvain Tesson : la retraite de Russie en side-car

4 000 km d'aventures sur trois roues
J'ai découvert Sylvain Tesson en 2010 avec son récit Dans les forêts de Sibérie, qui l'avait poussé à vivre six mois d'ermitage dans une cabane au bord du lac Baïkal. Un livre plein de beauté et d'intelligence que j'avais adoré. Deux ans plus tard, l'écrivain voyageur renouait avec son amour pour la Russie et entreprenait, avec quatre amis français et russes, un périple en side-car Oural (des machines soviétiques authentiques) sur l'itinéraire emprunté par la Grande Armée de Napoléon mise en défaite par les Russes. Berezina est le récit de ce voyage de ces treize jours à travers la Russie, la Biélorussie, la Lituanie, la Pologne, l'Allemagne, le Luxembourg et la France. 

J'avais été totalement séduite par le calme éternel, propice à l'introspection, de Dans les forêts de Sibérie. Dans Berezina, c'est l'inverse : tout est vacarme, rugissement des machines, soirées vodka et mains dans le cambouis. Cette fois, Sylvain Tesson n'est plus seul. D'un côté, il nous décrit son voyage, pannes de side-car comprises, et se laisse aller à de belles digressions sur l'épreuve que la retraite de Russie a dû représenter pour les soldats français, et ce qui les a poussés à suivre leur chef, même dans la défaite. De l'autre, il nous rapporte ses conversations enflammées, parfois houleuses et imbibées, avec ses quatre acolytes, à grand renfort de citations de Caulaincourt, le Grand Ecuyer de Napoléon. Le récit oscille entre le calme de la route, moment de la réflexion, et le raffut des soirées arrosées. La petite équipe vit son voyage à fond les manettes dans un joyeux désordre. 

J'ai particulièrement aimé la plume impertinente et pleine d'humour de Sylvain Tesson, et son talent à saisir la poésie et la portée existentielle de chaque expérience vécue. C'est ce que j'aime le plus chez cet écrivain : chaque voyage est le lieu d'une intense réflexion philosophique et existentielle qu'il partage avec son lecteur.

Même si j'ai été moins charmée que ce à quoi je m'attendais, Berezina est un récit de voyage inattendu et plein de vie : on reconnaît bien là la marque de fabrique de Sylvain Tesson.

Berezina de Sylvain Tesson, Folio, 2016, 205 pages

Quand il s'agit de faire un cadeau à une personne chère, les livres sont souvent en bonne place car ils peuvent convenir à tout le monde, à condition de bien les choisir. Voici 10 livres qui, selon moi, méritent d'être offerts !


Pardonnable, impardonnable de Valérie Tong Cuong

1. Pardonnable, impardonnable de Valérie Tong Cuong
Ce roman magnifique sur l'amour et le pardon touchera les âmes les plus sensibles. A offrir à ceux que l'on aime d'un amour profond et bienveillant.

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Le deuxième sexe de Simone de Beauvoir

2. Le deuxième sexe de Simone de Beauvoir
LA bible des femmes écrite par une femme. Un livre incontournable pour qui souhaite comprendre la condition des femmes à travers les sociétés et les âges. A offrir à celles (et ceux) qui s'intéressent au féminisme, à la perception de la femme et à sa place dans la société.

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Les Visages de Dieu de Mallock

3. Les Visages de Dieu de Mallock
Mallock est pour moi l'un des meilleurs auteurs de thrillers français de nos jours, et il mérite à être connu. Les Visages de Dieu, le premier tome de sa saga les Chroniques Barbares, est un des livres que j'ai envie de faire découvrir aux amateurs de thrillers.
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Fahrenheit 451 de Ray Bradbury

4. Fahrenheit 451 de Ray Bradbury
Parce que c'est un incontournable de la science-fiction, mais aussi pour sa portée toujours aussi actuelle et la beauté de son texte, Fahrenheit 451 est un roman à offrir !
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Orgueil et préjugés de Jane Austen

5. Orgueil et préjugés de Jane Austen
J'adore l'humour, l'impertinence de Jane Austen et l'esprit plein de vivacité de son personnage Elizabeth Benett, qui est un de mes personnages littéraires féminins préférés ! Rien que pour ça, ce classique de la littérature anglaise mérite d'être offert à tour de bras !
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Jane Eyre de Charlotte Brontë

6. Jane Eyre de Charlotte Brontë
Mon autre personnage littéraire féminin préféré est Jane Eyre. Je l'aime pour son insoumission, son indépendance et sa liberté. Comme Orgueil et préjugés, Jane Eyre est un roman à offrir aux femmes de caractère et émancipées.
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Crime et châtiment de Fedor Dostoïevski

7. Crime et châtiment de Fedor Dostoïevski
Ce roman magistral est un de mes livres préférés. C'est une réflexion sur la nécessité du mal pour le bien du plus grand nombre, à offrir à ceux qui aiment s'interroger sur la morale.

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8. Le Maître et Marguerite de Mikhaïl Boulgakov
C'est LE chef d'oeuvre de Boulgakov, un roman plein de fantaisie, à offrir à ceux qui aiment les (bonnes) surprises !

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Misery de Stephen King

9. Misery de Stephen King
Jusqu'à présent mon livre préféré de Stephen King, et l'un des roman qui m'ont fait le plus peur. Ce thriller psychologique plaira à coup sûr aux adeptes du genre et à ceux qui aiment les frissons.
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Plaidoyer pour l'altruisme de Matthieu Ricard

10. Plaidoyer pour l'altruisme de Matthieu Ricard
Un essai incontournable pour apprendre à vivre ensemble dans la paix et le partage. Car cela ne coûte pas plus d'être altruiste que d'être égoïste, bien au contraire. Un livre à offrir à ceux dont l'esprit est déjà un minimum ouvert, et qui sont prêts à se remettre en question.
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Et vous, quels livres offririez-vous à un/une ami(e) ?


A propos du Top Ten Tuesday
Le Top Ten Tuesday est un rendez-vous hebdomadaire dans lequel les blogueurs listent leur top 10 selon un thème littéraire prédéfini. Ce rendez-vous a initialement été créé par The Broke and the Bookish et repris en français pour une 2ème édition sur le blog Frogzine.

Dans ce roman à la fois réaliste et très touchant, Mary Beth Keane retrace le destin hors du commun de celle qui fut surnommée en son temps "Mary Typhoïde" ou "la femme la plus dangereuse d'Amérique".


La cuisinière de Mary Beth Keane : l'histoire vraie de "la femme la plus dangereuse d'Amérique"

Principe de précaution
Immigrée irlandaise venue tenter sa chance à New York à la fin du 19ème siècle, Mary Mallon se découvre rapidement un talent exceptionnel pour la cuisine. Elle commence alors à travailler pour de grandes familles bourgeoises. Malheureusement, dans toutes les maisons où elle passe, les gens contractent la fièvre typhoïde et certains en meurent. Mary, elle, affiche une santé de fer et ne présente pas le moindre symptôme. Il n'en faut pas plus pour qu'un médecin zélé l'accuse d'être porteur sain et de propager la maladie. Par précaution, les autorités sanitaires, qui la considèrent comme dangereuse, l'envoient en quarantaine sur l'île de North Brother Island, sur laquelle elle se retrouve prisonnière. Indépendante et insoumise, Mary ne va cesser de se battre pour faire valoir ses droits et retrouver sa liberté.

Difficile d'imaginer que cette histoire rocambolesque est inspirée de faits réels. Et pourtant, tout est vrai ! Dès les premières pages, j'ai été littéralement happée par le destin bouleversant de cette femme à forte tête dont la vie est brisée par des événements qui la dépassent totalement. J'ai rapidement éprouvé de la compassion pour Mary, pourtant rebelle, revêche et parfois même limite antipathique. En donnant de l'importance à l'aspect psychologique de son personnage (ses doutes, sa solitude, son histoire d'amour avec Alfred...), Mary Beth Keane a créé une femme à fort caractère, qui reste debout malgré les nombreuses épreuves qu'elle doit traverser, et cela force le respect.

Ce qui m'a également frappée dans ce roman, c'est la violence du New York du début du 20ème siècle, décrite de manière très réaliste par l'auteur. Une violence sociale, subie par des ouvriers extrêmement pauvres qui vivent et travaillent dans des conditions désastreuses pouvant leur coûter la vie. Une violence judiciaire, qui nie à Mary ses libertés les plus fondamentales et légitime les calomnies les plus injurieuses sous prétexte qu'elle représente un danger potentiel que l'on ne peut pourtant pas prouver. Une violence sentimentale, enfin, marquée par sa relation houleuse avec Alfred, qu'elle ne peut pas se résoudre à quitter.

Aussi haletant qu'un thriller, La cuisinière est un roman magnifique que je n'ai pas pu quitter pendant trois jours tellement il m'a bouleversée. Il ne s'agit que du deuxième roman de Mary Beth Keane, et il témoigne pourtant déjà d'une formidable maîtrise littéraire qui fait de cet écrivain un auteur à suivre.

La cuisinière de Mary Beth Keane, Editions 10/18, 2016 (première parution en VO : 2013), 449 pages

Il n'y a pas que La souris verte, Au clair de la lune ou A la claire fontaine... le monde entier regorge de comptines pour enfants magnifiques. Dans le livre sonore Ecoute les comptines du monde, bébé s'ouvre à la diversité culturelle et linguistique.


Ecoute les comptines du monde : s'ouvrir aux autres cultures en chanson

S'initier en chanson aux plus belles comptines du monde
Chanter des comptines à son enfant est un formidable vecteur d'éveil et de partage. Cela permet de structurer son langage de manière ludique tout en construisant une relation affective privilégiée avec lui.

Pour éveiller la curiosité de bébé et l'initier à de nouvelles sonorités, Nathan a eu l'idée de rassembler cinq comptines du monde plus ou moins connues dans le livre sonore Ecoute les comptines du monde. On y trouve de magnifiques mélodies venues du Congo ("Olélé moliba makasi"), d'Amérique du Nord ("Ani couni chaounani"), d'Angleterre ("Twinkle, twinkle, little star"), du Japon ("Haru Ga Kita") et d'Allemagne ("Alle meine Entchen").

Chaque comptine est magnifiquement illustrée par les jolis dessins de Marion Billet. Si ces derniers donnent une idée du thème de chaque comptine, je regrette néanmoins que les paroles n'aient pas été traduites en français, c'est un peu dommage.

Mais là où ce petit livre est le plus intéressant, c'est qu'il est sonore. Il a été conçu avec la collaboration de la psychologue et psychanalyste Christel Denolle, spécialisée dans le développement des tout-petits. Un boîtier situé au dos du livre et un petit bouton présent sur chaque page permettent en effet d'écouter les cinq comptines pour s'imprégner des sonorités, des mélodies et les chanter avec son enfant. La lecture devient alors une véritable expérience sensorielle !

Pour le moment, je chante ces comptines à ma petite fille qui est toujours dans mon ventre. Au vu de ses mouvements, elle semble apprécier ce moment de partage vocal. J'ai hâte de lui chanter lorsqu'elle sera née et un peu plus grande pour voir comment elle réagit à ce merveilleux petit livre sonore !

Ecoute les comptines du monde, illustré par Marion Billet, avec la collaboration de Christel Denolle, éditions Nathan, 2016, 12 pages (dès 6 mois)
Je remercie les éditions Nathan pour cette lecture.

J'avais déjà lu Fahrenheit 451 il y a quelques années, mais j'ai totalement redécouvert ce roman lors de cette seconde lecture. Ce texte de 1953 m'a bouleversée par sa puissance, sa beauté et ses enseignements toujours aussi criants d'actualité.


Fahrenheit 451 de Ray Bradbury : avertissement sur un futur pas si lointain

"Les livres sont faits pour nous rappeler quels ânes, quels imbéciles nous sommes"
Imaginez un monde où les gens se croisent sans se regarder. Un monde où les cerveaux sont lobotomisés par les écrans de télévision et les publicités pour le dentifrice. Où penser, réfléchir par soi-même est devenu un acte de rébellion. Un monde où posséder des livres est un crime, et où les pompiers sont là pour les brûler. Ce monde, c'est l'enfer décrit par Ray Bradbury dans Fahrenheit 451.

Guy Montag est pompier. Tous les jours, au lieu de sauver les maisons des flammes, il réduit en cendres les demeures de ceux qui se sont faits dénoncer parce qu'ils possèdent des livres. De retour du travail, il rencontre sa voisine, la jeune Clarisse, qui lui parle avec passion de la beauté du monde : la lumière de la lune, la rosée du matin, toutes ces choses auxquelles il n'a jamais porté attention. Et puis les livres, ces garants du savoir qui, jadis, étaient encore autorisés. Peu à peu, la conscience de Montag se réveille et le voilà qui ouvre les yeux sur ce monde dans lequel il vit. Et s'il lisait un livre, juste pour voir ?

J'ai vraiment adoré relire ce roman ! J'y ai redécouvert une profonde réflexion sur une société futuriste où les gens mènent une existence vide de sens et confondent bonheur et divertissement, encouragés par les autorités et les médias. La force de ce texte est de ne pas être daté : on y trouve une technologie avant-gardiste, certes dépassée aujourd'hui, qui cristallise le manque de communication et le nivellement de la pensée par le bas. A l'heure où nos smartphones régentent nos vies, que nous nous parlons par claviers interposés et que la télé-réalité est devenu le divertissement favori de beaucoup, Fahrenheit 451 pourrait bien être transposée à notre époque et décrire les dérives de notre société dans 10 ou 20 ans. A ce titre, il m'a fait l'effet d'un véritable avertissement contre le musellement des consciences, la vacuité de la pensée.

Le rempart contre ces dérives, ce sont les livres. Ils permettent d'entretenir l'esprit critique, et c'est bien pour cette raison qu'ils sont bannis dans Fahrenheit 451, donnant lieu à de gigantesques autodafés dans lesquels leurs propriétaires périssent eux aussi. J'ai particulièrement aimé la réflexion de l'auteur vis à vis des livres et de la littérature, qui sont comme le miroir de l'homme : ils lui permettent de regarder en arrière, d'apprendre de ses erreurs et de se remettre en question, mais aussi de s'émerveiller devant le monde que nous avons tendance à traverser sans le voir.
Les livres sont faits pour nous rappeler quels ânes, quels imbéciles nous sommes. Ils sont comme la garde prétorienne de César murmurant dans le vacarme des défilés triomphants : "Souviens-toi, César, que tu es mortel." La plupart d'entre nous ne peuvent pas courir en tous sens, parler aux uns et aux autres, connaître toutes les cités du monde ; nous n'avons ni le temps, ni l'argent, ni tellement d'amis. Ce que vous recherchez, Montag, se trouve dans le monde, mais le seul moyen, pour l'homme de la rue, d'en connaître quatre-vingt-dix-neuf pour cent, ce sont les livres.
Enfin, j'ai adoré le style poétique, très métaphorique de Ray Bradbury. Les figures de styles y sont nombreuses, en rupture totale avec le monde vide et dénué de sens qu'elles décrivent. Je me suis laissée emporter par cette écriture très riche, parfois difficile, qui joue un rôle à part entière dans la construction du roman.

Vous l'avez compris, Fahrenheit 451 est un coup de cœur ! Je garde précieusement mon exemplaire, car je le relirai à coup sûr, après avoir lu d'autres livres de Ray Bradbury.

Fahrenheit 451 de Ray Bradbury, Folio SF, 2000 (première parution en VO : 1953), 213 pages