A défaut de pouvoir voyager régulièrement, j'adore lire des récits de voyage. Surtout lorsqu'il s'agit de périples originaux. Après Sylvain Tesson, j'ai découvert une nouvelle aventurière, la Suissesse Sarah Marquis. Dans Déserts d'altitude, elle raconte sa traversée à pied de la cordillère des Andes. Dépaysement assuré.


Déserts d'altitude ~ Sarah Marquis

En 2006, Sarah Marquis entreprend un voyage en Amérique latine. Son objectif : rallier Los Andes (Chili) au Machu Picchu (Pérou). La particularité de son périple : elle est seule et à pied. Ce long voyage va lui faire découvrir des paysages d'une beauté à couper le souffle et lui faire faire des rencontres inoubliables.

7 000 km en solo dans les Andes
En 8 mois, Sarah Marquis effectue la traversée, sur ses jambes, sac de 30 kg sur le dos, du Chili, de la Bolivie et du Pérou. Elle passe par des villages pittoresques, rencontrant leurs habitants plus ou moins accueillants. Elle traverse le désert d'Atacama, doit lutter contre la chaleur de la journée, le froid glacial de la nuit et les attaques des animaux et des hommes qui n'ont pas de pitié pour la femme solitaire qu'elle est. Elle affronte la faim et la fatigue, la cruauté des hommes envers les animaux, même domestiques, la méchanceté de certains habitants mais aussi la gentillesse de certains autres. Elle traverse le lac Titicaca en canoë et se débat avec un lama au caractère bien trempé.

Cette aventure, elle l'effectue pour aller à la rencontre de l'inconnu, mais surtout pour revenir à l'essentiel. Etre au contact de la nature, lâcher prise, oublier le temps et regagner espoir en l'humain, grâce à des rencontres spontanées et inoubliables.

Avant même de commencer la lecture de Déserts d'altitude, j'éprouvais déjà une fascination et un profond respect pour Sarah Marquis. Car traverser la cordillère des Andes à pied est un exploit en soi, qui plus est quand on est une femme seule. Ce sentiment s'est encore accentué au fil de la lecture, et j'ai été réellement impressionnée par la ténacité et la force de caractère de Sarah Marquis. Malgré les nombreux obstacles qui lui barrent la route, elle garde son objectif en vue et ne baisse jamais les bras.

Le récit, parfois très poétique, s'accompagne de quelques photographies prises par Sarah Marquis ou son frère lors d'escales et de croquis réalisés après son retour par Janis Lachat. Ils donnent à voir des paysages somptueux à l'immensité époustouflante. De quoi donner envie, à son tour, d'enfiler ses chaussures de randonnée et de partir à l'aventure.

Déserts d'altitude de Sarah Marquis, Pocket, 2016, 228 pages
Je remercie les éditions Pocket pour cette lecture.

Depuis quelques années, Michel Bussi est devenu un auteur incontournable du paysage littéraire français. Cela fait quelques temps que je souhaitais le lire et je me suis finalement jetée à l'eau avec Maman a tort. J'ai découvert un thriller surprenant et très bien construit qui aborde avec brio le thème du désir d'enfant.


Maman a tort de Michel Bussi

A trois ans et demi, Malone est un petit garçon éveillé et déjà mature pour son âge. Depuis quelques semaines, il éveille les soupçons d'un psychologue scolaire par son discours surprenant : sa maman n'est pas sa vraie maman. Le psychologue décide alors de creuser la piste et demande de l'aide à Marianne Augresse, commandante de police au Havre. Il faut agir vite, car à son âge, les souvenirs de Malone s'effacent les uns après les autres. Qui est vraiment ce petit garçon ?

La vérité sort de la bouche des enfants
Dès la lecture du quatrième de couverture, on imagine que ce roman va mettre les nerfs du lecteur à rude épreuve. Et en effet, Michel Bussi nous emmène dans une direction puis dans l'autre, semant ici et là des indices qui nous conduisent sur des pistes multiples. Maman a tort est une succession d'hypothèses, de fausses pistes sur lesquelles on ne peut s'empêcher de s'engager. Le rythme est haletant et l'intrigue passionnante, si bien que ce roman m'a obnubilée jusqu'à ses dernières pages.

Il faut dire que le thème central du livre, le désir d'enfant, a rencontré chez moi une résonance particulière en ce 8ème mois de grossesse. Petit à petit, on découvre que tous les personnages féminins partagent ce désir irrépressible d'être maman et d'apporter leur amour à un enfant, quitte à agir contre la loi ou leurs principes. Les personnages masculins, en revanche, sont le plus souvent froids et insensibles, à quelques exceptions près. Les plus attachants restent évidemment Malone et son doudou Gouti, qui occupe dans l'intrigue une place bien plus importante que ce qu'on peut imaginer au départ.

Maman a tort change des thrillers très sanglants que j'affectionne et dont j'ai l'habitude. Si la dimension criminelle reste importante, j'ai surtout apprécié le travail de construction de l'auteur qui balade son lecteur et à aucun moment ne laisse deviner l'issue finale. Sans parler de ce thème du désir d'enfant qui donne au roman une coloration particulière et le fait sortir du lot. 

Maman a tort de Michel Bussi, Pocket, 2016, 543 pages
Je remercie les éditions Pocket pour cette lecture.

Il m'arrive rarement de lire des romans jeunesse mais, allez savoir pourquoi, celui-ci m'a attirée par son titre et sa promesse. C'est un beau roman qui encourage à croire en ses rêves jusqu'à les toucher du doigt !


Le garçon qui courait plus vite que ses rêves ~ Elizabeth Laird

A 11 ans, Solomon n'a jamais quitté le village d'Ethiopie dans lequel il vit. Tous les jours, il parcourt en courant les 8 kilomètres qui le séparent de son école. Car son rêve est de devenir un grand coureur de fond et de représenter son pays aux Jeux Olympiques, comme l'ont fait ses idoles Haile Gebreselassie et Derartu Tulu. Alors, quand son grand-père lui demande de l'accompagner à Addis Abeba, la capitale, il n'en croit pas ses oreilles ! Mais arrivés sur place, son grand-père est victime d'un malaise. Alors que ce dernier est admis à l’hôpital, Solomon puise dans ses dernières forces et court jusqu'au village pour prévenir sa famille.

Voyage initiatique au bout de ses rêves
Le garçon qui courait plus vite que ses rêves est un très beau roman initiatique dans lequel Solomon, par les épreuves qui lui sont imposées, devient un homme capable de croire en ses rêves. Lui qui depuis toujours désirait sortir de son village, va apprendre dans la capitale la fourberie et la tromperie dont sont capables les personnes mal intentionnées. Il va aussi faire de merveilleuses rencontres, connaître le passé de son grand-père et y trouver l'étincelle qui lui donnera des ailes pour toucher du doigt ses rêves

Epreuve après épreuve, de surprise en déception, Solomon ne baisse jamais les bras. L'amour et le respect qu'il porte à son grand-père, l'amitié qu'il partage avec ses amis le poussent à se surpasser. C'est alors qu'il prend conscience que son rêve le plus cher, devenir athlète, est à portée de main. 

Dépaysant et édifiant, Le garçon qui courait plus vite que ses rêves est un magnifique roman d'apprentissage. Plein d'espoir, il encourage les jeunes lecteurs à avoir confiance en eux, à croire en leurs rêves et à tout donner pour les atteindre !

Le garçon qui courait plus vite que ses rêves d'Elizabeth Laird, Flammarion, 2016, 156 pages (dès 11 ans)
Je remercie les éditions Flammarion Jeunesse pour cette lecture.

Et si une société plus égalitaire et plus juste était possible ? Face aux échecs du modèle économique et social fondé sur le profit individuel, il est peut-être temps de réfléchir à une alternative plus bienveillante. Dans ce recueil de conférences, des scientifiques, économistes et dirigeants d'entreprises exposent au Dalaï-Lama leurs recherches et leurs initiatives en faveur d'un monde altruiste. De quoi redonner espoir en l'humanité.



Vers une société altruiste est la transcription des échanges qui se sont tenus lors de la conférence "Altruisme et compassion dans les systèmes économiques" qui s'est tenue à Zurich (Suisse) en avril 2010. Cette rencontre organisée par la neuroscientifique Tania Singer rassemblait des scientifiques, des économistes, des dirigeants d'entreprises mais aussi des personnalités bouddhistes (parmi lesquelles Matthieu Ricard) venus exposer leurs travaux sur l'altruisme au Dalaï-Lama.

Encourager les comportements pro-sociaux pour le bien de tous
Dans ce livre, pas moins de 14 allocutions apportent un point de vue novateur et inédit sur la manière de faire évoluer notre société vers plus d'altruisme et de compassion. Des scientifiques, notamment dans le domaine des neurosciences, viennent tout d'abord présenter leurs recherches sur l'altruisme et le comportement pro-social, réfutant la thèse selon laquelle l'homme est naturellement égoïste et mû par son seul intérêt personnel. Puis, ce sont des économistes qui exposent leurs travaux sur une répartition des richesses basée sur l'altruisme et le bien commun, plutôt que sur l'avidité et le profit personnel. Enfin, des investisseurs à l'origine d'initiatives pro-sociales viennent prouver par l'exemple qu'une économie concrète fondée sur l'altruisme, la compassion et l'égalité est possible. Lors de chaque allocution, les intervenants interagissent avec le Dalaï-Lama dont les questions permettent d'élargir le débat.

Toutes ces recherches et initiatives s'appuient sur des principes fondamentaux de la pensée bouddhiste : l'altruisme, l'empathie, la compassion, la recherche du bonheur d'autrui comme condition du bonheur de chacun et l'interdépendance de toute chose. C'est pourquoi le Dalaï-Lama a tout à fait sa place dans ce débat. Bien qu'il assure qu'une société altruiste ne doit pas forcément être bouddhiste, il insiste sur la nécessité d'adopter une vision holistique, c'est-à-dire une vision d'ensemble de la société pour éviter la domination de l'ego qui mène à l'égoïsme, aux inégalités et à la souffrance.

Lire Vers une société altruiste permet de comprendre que le bouddhisme est loin d'être une spiritualité de moines coupés du monde dont la seule activité est de méditer dans leur monastère. Au contraire, il s'agit d'une pensée très vaste qui prône l'empathie, la compassion et la bienveillance dans le but de construire une société plus juste, échappant à l'accumulation de la richesse matérielle comme valeur suprême et visant le bonheur de chacun plutôt que le bonheur individuel. Des enseignements dont les dirigeants politiques et économiques du monde devraient s'inspirer.

Vers une société altruiste : entretiens avec le Dalaï-Lama, sous la direction de Matthieu Ricard et Tania Singer, Pocket, 2016, 302 pages
Je remercie les éditions Pocket pour cette lecture.

Subitement prise d'envie de lire du policier, j'ai sorti ce pavé qui traînait dans ma pile à lire depuis plus de deux ans, dont on m'avait dit beaucoup de bien. J'ai découvert un roman à l'intrigue tentaculaire, mais trop précipitée sur la fin.



Londres, à l'approche de l'hiver. Une série de meurtres sanglants agite New Scotland Yard : un individu s'en prend à des adolescents métis défavorisés et met en scène leurs corps violés et torturés dans un rituel funeste. L'enquête est menée par l'inspecteur Thomas Lynley et son incontrôlable adjointe, le constable Barbara Havers. Pour contenir la presse, l'adjoint au préfet David Hillier met aussi sur l'enquête le sergent Winston Nkata et un curieux profiler venu tout droit des Etats-Unis. Ensemble, ils s'efforcent de démêler toutes les pistes de l'enquête, avant que le serial killer ne frappe de nouveau.

Délinquance juvénile et quartiers glauques
Sans l'ombre d'un témoin est le treizième tome des aventures de Linley et Havers, mais il peut sans problème se lire de manière indépendante. Je n'avais moi-même jamais lu de roman d'Elizabeth George et je n'ai eu aucun problème à me plonger dans ce roman. 

Si j'ai eu des difficultés en revanche, c'est avec le personnage de Barbara Havers, une flic négligée, vulgaire et insubordonnée. Elle m'a hérissé le poil un certain temps, avant que sa compétence ne prenne le dessus sur son caractère de cochon. Une réaction voulue par l'auteur, qui creuse petit à petit le caractère et le passé de tous ses personnages pour les présenter sous leurs multiples facettes.

Malgré plus de 900 pages, l'intrigue tentaculaire est très prenante et ne souffre d'aucune longueur. Je me suis d'ailleurs bien laissée prendre par le déroulement de l'enquête... jusqu'au dernier quart du roman que j'ai trouvé assez prévisible. Malheureusement, le dénouement est un peu facile et beaucoup trop précipité en regard de l'intrigue qui s'étend comme une pieuvre. Dommage, ce roman qui s'annonçait prometteur se termine en déception et sera vite oublié.

Sans l'ombre d'un témoin d'Elisabeth George, Pocket, 2005, 918 pages