Dans un roman à suspense troublant de réalisme, Iain Levison met en scène un citoyen lambda propulsé ennemi public n°1 sur la base de preuves défaillantes. Une plongée au cœur du système policier et judiciaire américain, visiblement moins impartial qu’il n’y paraît. 


Arrêtez-moi là de Iain Levison : dans les coulisses du droit américain

Emporté par un tourbillon judiciaire 
Jeff Sutton est chauffeur de taxi à Dallas. Célibataire, un homme sans histoires. Qui aurait pu croire qu’il suffirait de ramener une femme chez elle pour que sa vie se transforme en cauchemar ? D’avoir le malheur de toucher au châssis de la fenêtre pour être accusé du viol et du meurtre d’une fillette et être envoyé illico dans le couloir de la mort ? On lui avait bien dit que les apparences étaient trompeuses… 

Un scénario pareil, une telle caricature, on imagine en voir que dans certains (mauvais) films où le budget cascades a trop pris le pas sur le salaire du scénariste. Et pourtant, Jeff Sutton se retrouve embourbé jusqu’au cou dans une affaire qu’il ne comprend pas. Il a beau clamer son innocence, les apparences sont contre lui et, trop contents d’avoir trouvé un suspect, policiers, avocats et juges ne prendront jamais la peine de mener une enquête à décharge. 

Dans ce roman court à l’impact fort, Ian Levison dresse un portrait peu flatteur du système policier et judiciaire américain. Du flic de quartier au maton du couloir de la mort, de l’avocat commis d’office à celui qui ne se déplace que lorsqu’il est assuré d’empocher de gros honoraires, tout le monde en prend pour son grade. On est loin des inspecteurs, avocats et procureurs zélés qui font les héros des séries télé américaines. 

Iain Levison écrit à travers les yeux de son personnage. Les faits, l'incompréhension et la déchéance sociale de Jeff Sutton sont vécus en direct, comme pour mieux s'identifier à ce Monsieur Tout-le-monde. Un moyen pour l'auteur de décrire toute l’absurdité d’un système où le pouvoir, c’est de décider de la vie d’autrui à sa place

La vérité c'est qu'une fois que vous savez que d'autres êtres humains peuvent vous mettre dans une cage,  vous comprenez que votre liberté, tout ce que vous tenez pour acquis dans votre vie, dépendent entièrement du caprice de quelqu'un de plus puissant que vous.

A tout moment, l’intrigue oscille entre le drame et le happy end, et l’auteur aurait tout à fait pu imaginer une conclusion plus terrible. Mais cela n’empêche pas de se sentir amer à la fin.

A noter : ce roman a été adapté en 2016 dans un film de Gilles Bannier, dont voici la bande-annonce :


Arrêtez-moi là ! de Iain Levison, Liana Levi, 2011, 246 pages

Le Mahatma Gandhi est l’un des personnages pacifiques les plus célèbres du XXème siècle. Mais au fond, le connaît-on vraiment ? Dans une biographie romancée fascinante, José Frèches raconte l’ascension du défenseur des droits civiques indiens.


Gandhi (tome 1) de José Frèches : naissance d’un soldat de la paixDifficile d’imaginer qu’un homme aussi solaire que Mohandas Gandhi était dans sa jeunesse un petit garçon chétif à la timidité maladive. Que celui qui était moqué par ses camarades de classe est devenu un grand avocat à la notoriété mondiale.

Dans un roman très documenté, basé sur des faits et des anecdotes réelles, José Frèches retrace la vie du Mahatma. Ce premier tome retrace l’existence de Mohandas Gandhi de sa naissance à son départ d’Afrique du Sud en 1914. 

De Porbandar à la ferme Tolstoï 
Né en 1869 à Porbandar dans la caste des vaishyas (marchands), il est le dernier enfant d’un homme de droit et d’une femme très pieuse. Cette dernière lui a d’ailleurs transmis le respect strict des rites religieux, notamment le jeûne. A 13 ans, il est marié de force à sa femme Kasturbai puis entame des études de droit contre sa volonté. 

Très tôt, Gandhi est outré par les injustices sociales imposées par le système de castes indiennes, notamment celle des intouchables. Le racisme quotidien des occupants britanniques le révolte également. Pour accroître ses chances de devenir avocat et de défendre au mieux ses droits, il part étudier le droit britannique à Londres. C’est d’ailleurs là que prend forme son farouche respect du végétarisme

Ses études terminées, il travaille rapidement pour le compte d’un marchand indien installé en Afrique du Sud. Là-bas, le racisme envers les hommes de couleurs (noirs et indiens) y est plus fort que jamais. Les conflits entre Zoulous, colons Boers et britanniques exacerbent les injustices contre lesquelles Gandhi se révolte. Dans le respect de l’ahimsâ (« non-violence »), il utilise le droit pour dénoncer les torts faits à la communauté indienne. Il fonde alors la célèbre ferme Tolstoï, près de Johannesburg, où tous vivent égaux. 

De sa plume vivante, José Frèches ressuscite celui qui a toujours refusé le qualificatif de Mahatma (« grande âme »). Au fil du récit, il introduit les concepts d’ahimsâ, de brahmacharya (pureté spirituelle et pratique) et de satyagraha (résistance à l’oppression par la désobéissance civile) qui jalonnent l’éthique personnelle de Gandhi. Une plongée passionnante dans le combat non-violent de ce soldat de la paix

Gandhi, tome 1 : Je suis un soldat de la paix de José Frèches, Pocket, 2016, 448 pages

Après avoir dévoré les deux premières intégrales de la saga Star Wars, je ne pouvais pas manquer la sortie d’une nouvelle trilogie, La croisade noire du Jedi sombre de Timothy Zahn. 


Contrairement à ce que l’on pourrait penser, cette trilogie ne correspond pas à l’intrigue du nouveau film, Le Réveil de la Force, qui commence en +30 après la Bataille de Yavin, au cours de laquelle est détruite la première Etoile de la Mort (donc à la fin du de l’épisode 4, Un nouvel espoir). 

Dans ces romans, l’action se déroule cinq ans après la bataille d’Endor, qui a vu la mort de l’Empereur et la défaite de l’Empire. Sur ses ruines se construit avec difficulté une nouvelle République, en proie aux luttes intestines de ses différents dirigeants. En parallèle, l’Empire renaît lentement de ses cendres sous le commandement d’un nouveau vilain, le Grand Amiral Thrawn. Fin stratège, ce dernier s’allie avec un mystérieux Jedi sombre qui en veut aux jumeaux Skywalker. 

Quand on a encore en tête le déroulement des faits du Retour du Jedi, on se plonge rapidement dans cette nouvelle intrigue dont les personnages sont pour la plupart bien connus. On retrouve en effet Luke Skywalker, Leia Organa (enceinte de jumeaux) et son mari Han Solo, Chewbacca, Lando Calrissian, Wedge Antilles, Mon Mothma, l’amiral Ackbar et tous les protagonistes de l’Alliance rebelle devenue la nouvelle République. 

Du côté obscur, le Grand Amiral Thrawn est un personnage maléfique au charisme flagrant, doté d’un esprit calculateur qui va mettre les héros à rude épreuve. Il s’agit là d’un vrai vilain à la Dark Vador, la fourberie en plus. 

Dans cette trilogie, Timothy Zahn ressuscite l’univers Star Wars avec brio en multipliant les scènes de batailles spatiales, de cantina et les intrigues politiques. Les références aux six épisodes fondateurs sont légion et la transition est parfaitement gérée. Une lecture à privilégier pour les fans de la saga qui souhaitent découvrir en douceur l’univers étendu. 

La croisade noire du Jedi fou de Timothy Zahn, Pocket, 2015, 1280 pages