Le Diable dans la ville blanche d'Erik Larson


Je n'aurais probablement pas lu ce livre s'il n'avait pas fait partie de la sélection du Prix des lecteurs du Livre de Poche. En réalité, je suis bien contente de ne pas être passée à côté de ce récit inclassable et terriblement troublant qui frôle le coup de coeur.

Ville blanche contre ville noire
Chicago, deux ans avant l'Exposition Universelle de 1893. Toute la ville est pendue à la décision du conseil d'attribution de l'organisation de cette gigantesque foire mondiale, qui a déjà pour mission, alors qu'elle existe à peine sur le papier, de promouvoir la puissance de l'Amérique. Une fois Chicago désignée pour accueillir cet évènement hors norme, Daniel H. Burnham, l'architecte nommé coordinateur des travaux n'a plus en tête que de faire de Chicago, cette ville noire, crasseuse et connue pour ses abattoirs, une ville blanche, sortie de terre en 24 mois, la fierté de l'Amérique toute entière.

Dans cette cité noire vit un personnage mystérieux, qui se fait appeler docteur H.H. Holmes, se définit lui-même comme un "diable" et réussit, à force de manipulation, d'entourloupes et de magouilles, à mettre la main sur tout un quartier de la ville, proche de l'Expo, et à y faire construire un hôtel lugubre, haut lieu de ses crimes monstrueux.

Une histoire vraie et addictive
Ce roman de 600 pages est basé sur des faits réels, avérés et confirmés par une multitude de documents que l'auteur cite en permanence dans son récit. J'avertis le lecteur tout de go : les amateurs de thrillers au rythme effréné seront très certainement déçus. Dans ce roman, il n'y a aucun dialogue, les personnages sont comme "détachés" et l'auteur prend le temps de décrire, avec force détails, l'émergence d'une ville créée à partir d'un idéal de magnificence, les grandes découvertes techniques de la fin du XIXème siècle, mais surtout des personnages dotés d'une psychologie tellement fouillée qu'elle ne peut en être que vraisemblable. Malgré tout, je n'ai pas pu me détacher de cette histoire qui ne m'a pas laissée de marbre et ce livre a eu un véritable effet de page-turner sur moi.

Le rythme s'accélère lentement, au fur et à mesure que l'intrigue monte en puissance. Tout est pratiquement connu d'avance, mais l'essentiel est de découvrir à quel point les personnages sont bons - ou mauvais -, jusqu'où ils sont prêts à aller dans leur folie des grandeurs. J'ai été absolument fascinée par Burnham et Holmes, par la persévérance du premier et la capacité de manipulation du second. J'ai littéralement adoré ce roman hors du commun qui met en scène le progrès technique et les ambitions humaines les plus dévastatrices.

Le diable dans la ville blanche d'Erik Larson, Le Livre de Poche, 2012, 598 pages

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